La wilaya abrite depuis hier, au théâtre communal du chef-lieu, le colloque sur les oulémas et érudits de la région. En lieu et place du ministre des Affaires religieuses, c'est M.Mohamed Abouabdessalem qui a honoré de sa présence l'ouverture des travaux. Dans son intervention, le représentant du département expliquera à une assistance composée en majorité d'hommes de culture et de responsables religieux à l'instar du docteur Abderrahmane Chibane la protée d'une pareille rencontre à laquelle le pouvoir accorde beaucoup d'importance. «La nécessité de rétablir le cordon entre un passé glorieux et le présent pour préparer l'avenir. Cette occasion permettra à la nouvelle génération de connaître le rôle prépondérant joué par les défenseurs des principes de notre religion lors des différentes invasions multiformes à travers les siècles...», dira entre autres le professeur. Le colloque sera aussi une occasion de rendre hommage aux intellectuels et à ceux qui ont consenti leur vie pour faire entendre la voix de Dieu. Pour le wali, second intervenant, la wilaya de Bouira regorge de personnalités et de oulémas qui, hélas, ne sont pas connus localement. Le colloque, qui s'inscrit en droite ligne dans le projet présidentiel d'une réconciliation nationale et avec soi-même, permettra de jeter la lumière sur les M'chedalli, un courant qui a marqué de son empreinte la sauvegarde de l'Islam à travers des siècles et des croisées multiples. «La wilaya de Bouira, sur sa totalité, a enfanté plusieurs érudits et oulémas qui ont consenti leur vie et biens pour défendre le Coran et ses répercussions sur la vie». Chaque région de la wilaya de Bouira a eu sa part dans la lutte contre l'occupation. Ainsi, à l'Est, c'est Nacer Eddine El M'Chedalli (1234-1371) qui reste l'une des figures les plus énigmatiques. Enseignant à El Azhar, il sera le réformateur de l'école andalouse et appellera à la création de la Ligue islamique. L'un de ses adeptes sera Mohamed Ibn El Kacem qui créera l'école Etachfia à Tlemcen. Au nord de la wilaya et plus précisément à Maâla, daïra de Lakhdaria, Ibn Djeroum posera les bases de la grammaire arabe, alors que «Ethaâlibi» mettra en place la première explication du Coran. Au Sud, la zaouïa de Belamouri continue à ce jour à dispenser des cours de théologie et est un lieu hautement symbolique. A l'Ouest c'est la zaouïa de Sidi Salem qui remplit cette même mission. La région aussi est le lieu natal d'Ahmed Tayeb Benasalem, le premier wali sous le règne de l'Emir Abdelkader pour la région de Hamza. 18 docteurs se succéderont pendant deux jours à la tribune pour animer des conférences-débats sur ces personnes que la majorité de la jeunesse à Bouira ne connaît pas. Si pour certains, des établissements sont baptisés à leurs noms, d'autres sont relégués aux calendes grecques. Cette rencontre se veut, selon ses organisateurs, un effort contre l'oubli. L'autre objectif est celui de remettre certaines choses à leur place. L'Islam de nos jours est victime d'un fanatisme qui a considérablement nui à son image. La décennie noire est là pour rappeler que la dérive peut détruire des lustres de travail. «Il est temps de rendre à la parole divine sa vraie place dans l'éducation de nos enfants, dans l'édification d'un pays moderne, fidèle à son passé...», dira M.Farsi, wali de Bouira dans son intervention.