Le plan de relance économique destiné, entre autres, à développer le secteur de la pêche à travers l'octroi d'aides aux marins pêcheurs a «pris une mauvaise tournure», clamaient hier les pêcheurs, lors d'un point de presse animé dans les locaux de l'Ugcaa. En d'autres termes, les animateurs de la conférence affirment, sans ambages, que «des comportements frauduleux ont accompagné la distribution de ces aides qui n'ont pas touché la catégorie la plus nécessiteuse», précisa M.Houas Sghir, président du Comité national de la pêche. L'un des membres dudit comité prend la parole afin de mieux expliquer cette sentence clamée haut et fort par les marins pêcheurs. «Nous n'avons pas vu ces aides, bien que nous les ayons réclamées à maintes reprises, compte tenu de la cherté des bateaux et l'état jugé catastrophique de la plupart de nos chalutiers», disait-il, sur un ton moins aigu. Lui emboîtant le pas, M.Bellout Houcine, vice-président du Comité national des marins pêcheurs et poissonniers et membre du Conseil national, expose le cas de son collègue de Skikda M.Djeffal Houcine qui a perdu son chalutier en 1994, et depuis «aucune aide ne lui a été octroyée malgré d'incessantes dimarches auprès des autorités compétentes» martèle-t-il, d'un air visiblement déçu. L'autre pomme de discorde, les marins pêcheurs s'insurgent contre le projet portant «dissolution de la Cnasat des gens de mer, n'ayant jamais été déficitaire avec un recouvrement qui a toujours dépassé les prévisions». «C'est une démarche irresponsable et unilatérale», répliqua le représentant des pêcheurs de Boumerdès. L'on s'interroge, dans une correspondance adressée au ministère de la Pêche, sur le pourquoi de cette dissolution qui est «aux dépens des marins qui perçoivent une indemnité journalière, suivant les aléas de la météo». Le Comité national de la pêche réclame aussi le retour du secteur sanitaire spécial pour les gens de mer, «suivant le décret n° 63 du 14 novembre 1963». L'augmentation des tarifs du gasoil a suscité également le courroux des pêcheurs. Ces derniers, dans une plate-forme de revendications rendue publique hier, réclament l'organisation du secteur de la pêche à travers la mise en place d'un programme de revalorisation et de la réhabilitation des ressources. Les concepteurs de cette plate-forme exigent aussi le renforcement des moyens de sécurité et d'intervention, la création d'une banque de données pour le développement du secteur, ainsi qu'un partenariat intersectoriel professionnel. Interrogés enfin sur la position du ministère par rapport à ces doléances, l'un des orateurs fera savoir qu'aucune mesure n'est prise, du moins à l'heure actuelle, pour faire valoir les droits des marins pêcheurs. Ces derniers, en guise de réplique, ne comptent pas rester les bras croisés. On a laissé entendre que «si le département de Smail Mimoune ne se décide pas d'agir, les marins passeront à l'action».