Un trio ministériel cible des islamistes Des cabales violentes avaient été lancées contre eux par des milieux islamistes, mais également de la part des conservateurs des partis proches du pouvoir et des salafistes. Des ministres du gouvernement Sellal ont été au centre du conflit d'avant-garde des islamo-conservateurs. Parmi eux, la ministre de l'Education, Mme Nouria Benghebrit, devenue la femme à abattre pour les islamo- conservateurs de tous bords depuis qu'elle a entrepris de réformer un enseignement sinistré. Elle a subi un déluge d' attaques islamo- conservatrices, relayées par des médias proches, notamment depuis qu'elle avait évoqué fin juillet dernier l'idée d'introduire l'arabe dialectal dans un enseignement jusqu'à présent dispensé uniquement en arabe classique. Une cabale violente lancée contre elle par des milieux islamistes, mais également de la part des conservateurs des partis proches du pouvoir. Une campagne autour de certaines propositions de réforme de l'école jugée par beaucoup d'Algériens comme «sinistrée» et formant «des analphabètes trilingues», qui fut arabisée avec l'aide d'Egyptiens, issus pour la majorité de la confrérie des Frères musulmans. De ce fait, la ministre a été accusée par des islamistes de collision avec la France, le Mossad. Le président du MSP, Abderrezak Makri avait estimé que Benghebrit constitue «un danger contre la stabilité de la Ouma et l'unité nationale».La ministre a lancé le débat sur la réforme du système éducatif à travers la révision des programmes et une modernisation de l'enseignement, en plaidant pour le recours aux langues maternelles durant le préparatoire et la première année primaire pour faciliter l'apprentissage de toutes les matières. Il n'en fallait pas plus pour voir ces milieux hostiles monter au créneau pour dénoncer, des semaines durant, ce qu'ils appellent une «tentative d'atteinte à la langue arabe, à l'islam et à la culture algérienne». La ministre, qui a été ciblée dès son investiture à la tête de ce département, a dénoncé le faux débat visant à tromper l'opinion publique. Ces milieux guettent le moindre faux pas de la ministre. Une large opération de fuite massive des sujets du baccalauréat avait été organisée par des responsables de l'Office national des examens et concours pour semer l'anarchie et la pagaille. Ce scandale a été qualifié d'atteinte à la Sécurité nationale. Si la ministre n'a pas démissionné et tient bon, on ne sait pas en revanche si la balance a penché du côté des islamistes et conservateurs. Le ministre de la Justice, Tayeb Louh a été également villipendé par les islamistes par rapport à la loi sur les violences faites aux femmes. Ce texte de loi a été bloqué pendant neuf mois au Conseil de la nation malgré son adoption à l'APN en mars 2015. Cette loi a été violemment contestée par des députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), qui dénonçaient «une loi contraire à l'islam, visant la dislocation de la famille et l'imposition des normes occidentales». Toutefois, selon de nombreux spécialistes, les effets de cette loi seront limités par l'introduction de la notion de pardon de la victime, obtenu suite aux pressions pour mettre fin aux poursuites judiciaires. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, qualifié de réformiste, a été critiqué violemment par des milieux, notamment salafistes, car il a voulu promouvoir les références nationales en la matière et défendre la liberté de culte et la tolérance. Il veut renouer avec l'islam ancestral algérien en le débarrassant de l'extrémisme et du fondamentalisme qui ne correspondent nullement à la tradition algérienne.