L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (Oiac) a annoncé jeudi avoir une «enquête en cours» sur l'attaque présumée à l'arme chimique qui a fait 86 morts en Syrie. L'OIAC, basée à La Haye, indique dans un communiqué avoir «pris contact avec les autorités syriennes» et demander l'échange d'informations «concernant les allégations de recours aux armes chimiques dans (la région de) Khan Cheikhoun», dans le cadre d'une mission d'enquête devant établir un rapport sur l'attaque survenue mardi. Elle ajoute avoir demandé à tous les Etats signataires de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques de «partager toute information qu'ils pourraient avoir» sur le sujet. Le rapport de la mission d'enquête sera soumis au comité exécutif de l'OIAC et à ses pays membres. Au moins 86 personnes, dont 30 enfants, ont été tuées et plus de 500 autres blessés mardi à Khan Cheikhoun, fief rebelle de la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. L'examen post-mortem de victimes indique une possible exposition à un agent chimique, a indiqué le ministère de la Santé en Turquie, où de nombreux blessés de l'attaque ont été évacués. Des médecins présents sur les lieux ainsi que des ONG internationales comme Médecins sans frontières (MSF) ont également évoqué l'utilisation d' «agents neurotoxiques», en particulier le gaz sarin. Mandatée par l'ONU, l'Oiac, organisation responsable de la destruction des armes chimiques à travers le monde, est chargée d'enquêter sur de telles allégations en Syrie depuis que le gouvernement de Damas a ratifié la Convention sur l'interdiction des armes chimiques en 2013. Elle a indiqué début mars enquêter sur huit attaques présumées au gaz toxique commises depuis le début de 2017. Elle a indiqué examiner également «plus de vingt» accusations sur l'utilisation d'armes chimiques entre août et mi-novembre 2016. Une mission d'enquête de l'ONU et de l'Oiac a déjà déterminé que le régime syrien avait mené au moins trois attaques au chlore en 2014 et 2015. Les enquêteurs ont également déterminé que les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) avaient eux aussi utilisé du gaz moutarde en 2015. Le gouvernement syrien dément avoir utilisé des armes chimiques dans une guerre qui a déjà fait 310 000 morts depuis mars 2011. L'Oiac, prix Nobel de la paix en 2013, a supervisé la destruction de 95% du stock mondial d'armes chimiques depuis sa création en 1997, dont celle de l'arsenal d'armes chimiques déclaré par le régime syrien en septembre 2013, sous la pression internationale.