Cette élection constitue un tournant stratégique dans la vie politique du pays. Si certains partis ont entamé leur précampagne il y a déjà des semaines, l'ensemble des candidats aux législatives de mai n'investira le terrain qu'à partir d'aujourd'hui. C'est dans une situation économique, politique, sécuritaire et sociale très difficile que s'ouvre officiellement aujourd'hui la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain. Cette élection, présentée aussi bien par les partis au pouvoir que par ceux de l'opposition comme importante, constitue un tournant stratégique dans la vie politique du pays. Un tournant qui, compte tenu des nouvelles dispositions de la loi électorale et de la nouvelle Constitution qui offre davantage de prérogatives à l'opposition parlementaire, va sans nul doute reconfigurer le paysage politique, faire émerger de nouveaux acteurs et conférer plus de visibilité à leurs actions. Stratégique parce que, malgré les innombrables critiques adressées au gouvernement suite à son refus de mettre en place une instance indépendante pour l'organisation et la gestion des élections, la majorité des partis de l'opposition, y compris les porteurs de cette revendication, a décidé de prendre part au scrutin de mai, de se départir de sa radicalité et de proposer des programmes électoraux pragmatiques et s'inscrivant dans le court et le moyen terme. Ce repositionnement des partis de l'opposition, la redéfinition de leurs priorités et leur engagement entier dans une course électorale avec des programmes ambitieux signent le début d'une nouvelle ère politique: celle de l'apaisement et de la réconciliation. Toutefois, il est attendu que le pouvoir, dans tous ses démembrements, tienne ses promesses d'une élection libre et transparente. C'est du moins ce qu'attend l'opposition et, plus largement, la population des abstentionnistes qui, tout compte fait, rêverait sans doute de reprendre du service et participer à la vie politique du pays. Cette perspective est certes fort ambitieuse, mais elle est réaliste et, pour peu que toutes les parties assument leur rôle comme il se doit, les portes du possible vont certainement s'ouvrir. Bien entendu, l'approfondissement du processus démocratique toujours en cours, les remous qui agitent la société, la frilosité du nouveau modèle économique que le gouvernement peine, depuis la tripartite de 2016, à mettre en place, l'instabilité qui plane sur la région, notamment avec ce qui se passe en Libye et au Mali, sont autant d'éléments qui pèsent sur le pays et qui rendent la tâche ardue. Mais c'est justement cela le défi. Il est attendu des candidats des différents partis, d'une part, de rassurer la population quant à l'avenir du pays qui se trouve pris entre les tenailles d'une crise multidimensionnelle et convaincre leurs concitoyens d'aller voter et, d'autre part, de présenter des alternatives fiables et viables à même de redonner espoir aux Algériens. Ainsi, après avoir passé le cap des listes qui a été très éprouvant, notamment pour les jeunes formations qui n'ont pas d'ancrage dans la société, vient celui, plus stratégique, de la sensibilisation de l'opinion et de sa mobilisation. Certains partis ont entamé leur précampagne il y a déjà quelques semaines à travers des rencontres de proximité et des opérations de communication au cours desquelles ils tentent, tant bien que mal, de diffuser leurs programmes et convaincre leurs publics de la pertinence des solutions qu'ils se proposent de porter aux problèmes qui se posent. C'est le cas notamment du RND, du RCD et du MSP qui sont, jusque-là, les seuls à sillonner leurs fiefs électoraux à la conquête d'un électorat potentiel. Mais à partir d'aujourd'hui, bien d'autres partis vont entrer en lice et la piste de course n'en sera que plus encombrée. C'est la chasse aux électeurs.