Les pays industrialisés s'attellent dès maintenant à trouver une réponse adéquate pour amortir les multiples conséquences du choc. Comment survivre à une crise énergétique mondiale? La question ne relève plus d'une quelconque vision catastrophiste de scientifiques à la recherche de médiatisation. La communauté internationale a pris conscience de la réalité du danger. Le choc est presque inévitable et le compte à rebours a commencé. Le déclin définitif de la production des hydrocarbures est annoncé, au plus tard, à l'horizon 2020. En conséquence de ce déclin, le pétrole sera excessivement cher et les besoins énergétiques seront de plus en plus grands, selon les spécialistes, au vue du rythme soutenu de la croissance économique mondiale. Les pays industrialisés s'attellent déjà à trouver une réponse adéquate pour amortir les conséquences du choc. Les Etats-Unis s'orientent vers plus de nucléaire pour réduire leur dépendance énergétique et les 25 pays du l'UE se réunissent demain à Paris pour ébaucher une «réponse européenne à la crise du marché pétrolier». «Parlant de priorité vitale pour le peuple américain», le président G.W. Bush a fait, il y a quelques jours, des incitations pour la construction de raffineries sur d'anciennes bases militaires et le développement de la filière nucléaire aux Etats-Unis. Bush a déposé un projet de loi au congrès qui prévoit des allégements fiscaux pour encourager la production pétrolière, de gaz naturel, de charbon, d'énergie nucléaire et permettre de doubler l'utilisation d'éthanol à base de maïs comme additif à l'essence. Mais, c'est le nucléaire qui demeure le cheval de bataille du président américain face au défi énergétique. Si le nucléaire génère encore un cinquième des besoins en électricité des Etats-Unis avec 103 réacteurs, aucune centrale n'a été construite depuis 1979, date de l'explosion d'un réacteur en Pennsylvanie. Le président Bush a affirmé «qu'un approvisionnement en énergie plus sûr aux Etats-Unis doit inclure davantage de nucléaire», rappelant que son administration a lancé en 2001 le programme «énergie nucléaire 2010» doté d'une enveloppe de 1,1 milliard de dollars visant à construire environ une cinquantaine de centrales nucléaires. Actuellement, presque 50 % de l'électricité américaine provient des centrales au charbon dont les réserves sont estimées à plus de 250 ans. Selon les projections officielles, les USA dépendront des importations pétrolières à hauteur de 38% pour couvrir tous leur besoins énergétiques, d'ici à 2025. Ce qui explique, le penchant de Bush pour le nucléaire comme source d'énergie qui va se substituer au pétrole, seulement, cette tentative de desserrer les contraintes énergétiques par l'inclusion de la filière nucléaire se trouve confrontée à d'énormes obstacles financiers, réglementaires et politiques. Plus encore, le véritable tendon d'Achille de cette source d'énergie a été l'effondrement de sa crédibilité à la suite des graves accidents de Three Mile Island en Pennsylvanie (USA) en 1979, et Tchernobyl (Russie) à la fin des années 80. L'opposition au nucléaire s'est durcie partout dans le monde. Depuis 1997 les commandes ont cessé aux Etats-Unis, en Suède, un référendum a décidé d'arrêter la production d'électricité nucléaire en 2010, la Suisse, l'Italie, l'Allemagne, en sont à un moratoire de fait, en ex-Urss la tache de Tchernobyl a généralisé le doute, même en France et au Japon les programmes ont été révisés à la baisse. L'autre face du risque nucléaire est l'impossible gestion des déchets radioactifs. L'énergie est passée d'une question technique à une affaire d'importance civique, politique voire même géopolitique. A problème commun réponse commune. Les 25 ministres de l'Energie des pays européens se réuniront ce dimanche à Paris pour «apporter une réponse européenne à la crise du pétrole». En marge des travaux de la réunion de l'Agence internationale à l'énergie (AIE) sur le thème «investir pour l'avenir», les ministres européens débattront d'une position commune à renforcer face à la perspective d'un pétrole durablement cher. Les spécialistes estiment que la situation actuelle du marché pétrolier pourrait compromettre la reprise de l'économie mondiale. Les perspectives du marché pétrolier mondial seront également au centre des débats du forum de l'Ocde, lors de sa réunion qui se tiendra également à Paris sous le thème «perspectives de l'économie mondiale». Les pays de l'Ocde souhaitent une reprise économique homogène et soutenue, épargnée par les risques géopolitiques et les brusques fluctuations des prix du baril ou des marchés financiers. Autant dire que le monde, aujourd'hui, fait face non seulement à une crise mais à un bouleversement. Trois facteurs, concourent à la gravité de ce bouleversement. En premier lieu, il y a l'imminence du déclin définitif de la production du pétrole que les pays industrialisés ne peuvent négliger, ensuite, une forte demande mondiale de pétrole, ce qui entraînera une hausse «exponentielle» des prix. Une situation qui se traduira par une inflation qui touchera tous les autres secteurs d'activité. Et enfin, le facteur géopolitique. Depuis le 11 septembre 2001 et la guerre contre l'Irak en 2003, la planète est entrée dans un état de guerre permanent, de terrorisme mondial, et de sabotages. Devant ces effets désastreux du choc énergétique, la politique de la sobriété est-elle suffisante?