Les partis politiques misent sur une représentation confortable et forte dans l'hémicycle La culture est le parent pauvre de la société et de la classe politique nationale, les programmes des partis attestent de cette réalité amère. Depuis que la campagne électorale pour les élections législatives du 4 mai prochain à été lancée, on n'a pas entendu les candidats à la députation formuler ne serait-ce qu'un demi-mot à propos de la culture et la conception qu'ils défendent quant à ce parent pauvre dont on ne lui voit pas une bribe d'existence dans les programmes des partis politiques. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la culture est plus que jamais frappée par un ostracisme politique qui renseigne sur sa place dans ce pays. Les partis politiques, surtout ceux qui misent sur une représentation confortable et forte dans l'hémicycle, abordent un aspect arlésien de la culture, c'est-à-dire, confondre le folklore avec la culture jusqu'à ce que le socle de cette dernière se dilue et prenne la forme d'une représentation dépourvue de référent culturel en soi. Le Rassemblement national démocratique (RND) développe cette espèce d'approche faisant de la culture un élément marginal qui doit être comme apanage de politique et non pas comme une démarche stratégique en soi. D'ailleurs, cette approche folklorique se précise à travers ce qui est indiqué dans le programme de ce parti: «La culture comme élément essentiel à l'affirmation de l'identité nationale et la promotion de tamazight, langue nationale et officielle, comme ciment additionnel à l'unité du peuple.» On constate aisément que la dimension culturelle est sacrifiée sur l'autel d'un discours politique par excellence, et du coup, la référence à la culture n'est élucidée que de façon feutrée pour édulcorer le programme et l'enjoliver. Le RND persiste dans cette démarche, il confirme indirectement que le mot «culture» est significatif d'un ersatz complètement détourné de sa vocation, confondant de la sorte la symbolique culturel et repère folklorique. La culture comme sens artistique et comme effort créatif est reléguée au dernier plan, c'est ce qui ressort dans le programme du RND par rapport à ce volet en soulignant que: «La vulgarisation de l'Histoire nationale dans sa profondeur millénaire constitue une autre préoccupation de cette formation politique qui oeuvre également à la préservation de l'islam des courants étrangers aux traditions des Algériens tout en renforçant la place et le rôle des zaouïas, facteur de stabilité de notre société», c'est un discours politique par excellence faisant de la dimension culturelle un piédestal au service des calculs foncièrement politiciens. Dans le même sillage il est clair que la culture est traitée comme un maillon faible qui est inhérent à «l'essentiel» à savoir, le volet politique qui constitue le contenu et la mouture du programme. Cette pauvreté en matière de référentiel culturel au sens propre du mot, montre aussi que les partis politiques puisent dans l'urgence pour peaufiner un programme, c'est ce qui explique parfois les ressemblances qui existent dans les programmes de certains partis, comme c'est le cas de cette périphrase qui est mentionnée dans le programme du FLN et qui dit: «La consécration des valeurs de la citoyenneté en adéquation avec les principes de l'islam et la culture, inspirée de l'histoire millénaire du pays», on ne peut pas différencier le discours du RND de celui du FLN sur le sujet de la culture qui se rejoignent mutuellement et qui s'accordent à réduire la portée de la culture en la confinant dans un carcan le moins que l'on puisse dire: hybride. Dans le même registre, on constate que le mot culture est utilisé sournoisement, voire tendancieusement par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). La conception de la culture prend un sens particulier focalisant toute l'attention sur notre variante identitaire, à savoir tamazight. Le RCD souligne que «la reconnaissance de tamazight, langue nationale et officielle aux côtés de la langue arabe, est une avancée permettant de lever les ostracismes qui freinent la mise en place d'une dynamique de développement culturel». Il est édifiant de voir que tout est politisé, et que la culture est dénaturée, voire réduite à quelque chose comme discours et dithyrambe à connotation partisane. En ce qui concerne le Front des forces socialistes (FFS), son programme fait allusion à la dimension culturelle comme élément festif comme c'est le cas pour la célébration du centenaire de la naissance de l'écrivain Mouloud Mammeri, et dans le folklorique en insistant sur la restauration et la mise en valeur du «Ksar Tafilalt», qui est livré à lui-même à Ghardaïa. Le FFS ne déroge pas à la règle, il escamote la donne culturelle dans la campagne électorale, il essaie de teinter cette campagne d'une charge politique pour combler le déficit auquel il fait face après l'érosion qu'il a connue dernièrement. En ce qui concerne la mouvance islamiste, dans son entité, la culture est presque minorée et occultée en tant que substrat contribuant dans la cristallisation du référentiel national et créatif. La culture en sa qualité d'art et production dans toute sa plénitude, n'est pas vue de la sorte par la mouvance islamiste, qui, pour elle, cette donne se dilue dans le référent religieux tous azimuts. En dehors de cette approche relevant de la bigoterie, la culture ne pourrait connaître un sursaut salvateur dans le giron de l'islamisme politique qui a horreur de toutes les formes de la création artistique et culturelle. On comprend d'ailleurs le discours islamiste qui minimise, voire minore la culture jusqu'à se moquer de cette notion qui frise l'hérésie pour eux!! La culture est le parent pauvre de la société et de la classe politique nationale, les programmes des partis attestent de cette réalité amère. Cela montre qu'une société qui ne s'abreuve pas de la culture est contrainte de s'empêtrer dans les abysses de la régression politique.