L'ensemble des producteurs se regroupera prochainement dans une coopérative. Les dernières neiges et les dégâts immenses qu'elles ont causés sont peut-être le facteur qui a amené les responsables de la Caisse nationale de la mutualité agricole à organiser une journée de vulgarisation en direction des agriculteurs de la région. Pour mémoire, les épaisses couches de neige sont venues à bout de récoltes entières et de nombreux vergers en plus des activités, comme l'oléiculture ou l'apiculture. Cette rencontre, abritée par la Chambre de l'agriculture, s'est voulue une occasion d'expliquer les diverses formules offertes aux agriculteurs pour se prémunir contre des imprévus et autres catastrophes qui, du jour au lendemain, peuvent faire partir en fumée des années de dur travail. Ainsi, l'assurance «catastrophes naturelles» est la formule contre toutes formes de calamités. Cette garantie est obligatoire et agit dans un cadre de solidarité entre les concernés. Le remboursement se fait à concurrence de 95% du montant des pertes et est tiré du fonds de cotisations. 5% iront à la compagnie d'assurances qu'est la Cnma. Cette assurance couvre les risques d'incendie et risques accessoires, les risques de grêle, la responsabilité civile d'exploitation et l'accident individuel. Selon les organisateurs, cette assurance a pour objectif de mettre à l'abri les exploitants et leurs familles, de réduire les conséquences négatives matérielles et financières induites par les dégâts, et a un caractère moral en permettant aux sinistrés d'accéder à un droit d'indemnisation en lieu et place des aides accordées. La Cnma, en plus de son rang de premier assureur agricole, a élargi son champ d'action aux industries découlant ou non de l'agriculture. Ainsi, parmi les risques couverts, on citera les tremblements de terre, les inondations et coulées de boue, les mouvements de terre... Les assurances s'étalent à toutes les activités du secteur de l'agriculture. Sur un autre plan mais visant à développer plus les capacités de la wilaya dans le domaine agricole, signalons qu'à la fin du mois dernier, la même Chambre d'agriculture de Bouira a abrité des regroupements pour débattre des moyens à mettre en place pour améliorer la production dans diverses branches. Ainsi, les débats ont porté sur la lutte contre les multiples risques qu'encourent les céréales. La wilaya de Bouira a enregistré une perte totale des productions en farine suite la rouille jaune qui a infesté les champs, l'été dernier. La présence des cadres d'Agro Consulting International (ACI) à la journée d'étude s'inscrivait dans la perspective de doter les agriculteurs contre les maladies que sont la rouille, la telletia carries, la frisariose... L'autre souci des agriculteurs concerne la prolifération des herbes sauvages qui diminuent considérablement la production. ACI propose des produits de lutte contre les dicotylédones : coquelicot, bourse de pasteur, liseron des champs... et contre les monotylédones : phalaris déformé, le vulpin des champs... Mercredi, les responsables des chambres d'agriculture du centre-est du pays ont débattu avec les cadres de l'Institut national d'agriculture fruitière sur les conditions et moyens pour labelliser le produit oléiculture. Le directeur des services agricoles rappellera que la wilaya de Bouira bénéficie d'une forte production, mais est confrontée à la mévente. Le produit, souvent conditionné en vrac dans des emballages inadaptés, est inconnu. Pour pallier ce déficit qui porte préjudice aux producteurs, la labellisation est une des conditions principales pour le dénouement. Le directeur de l'INA, accompagné de hauts cadres spécialistes, précisera que la labellisation est un acte volontaire qui résulte de la mise en place de plusieurs paramètres. Ainsi, l'Algérie et cette région en particulier n'ont pas une carte géographique du terroir qui détermine le statut du produit. L'entrée prochaine de l'Algérie dans les rangs de l'OMC fait que la labellisation, l'étiquetage, le conditionnement sont autant d'actes imposés par le libre-marché. Un citoyen né sous un olivier peut, demain, préférer une huile espagnole, voire australienne. Juridiquement et conformément à la réglementation mondiale, la labellisation résulte d'une connaissance des terroirs humains et matériels dans lesquels le produit évolue et se développe. C'est un acte économique payable, mais non inéluctable. Les institutions donnent le statut, mais peuvent le retirer dès que les normes ne sont pas respectées. Signalons, par ailleurs, qu'en plus du problème de la mévente du produit, l'oléiculture à Bouira subit un phénomène naturel résultant des chutes de neige vécues récemment. La vague de froid et les importantes chutes de neige qui ont prévalu à Bouira à la fin du mois de janvier ont laissé des séquelles graves dans le milieu agricole. Plus de 80% des plants d'olivier sont totalement ou partiellement détruits. Le manque de moyens pour couper les branchages cassés et leur incinération permettent à « la mouche du bois » de proliférer. Cet insecte peut, dans les jours à venir, infester les quelques oliviers qui restent et anéantir définitivement la culture. Pour rappel, l'huile d'olive des régions de M'chedallah, primée au Salon de l'agriculture de Paris, est considérée comme l'une des meilleures dans le golfe méditerranéen. Les efforts monstres déployés dans le cadre du Pndra peuvent s'avérer inutiles si un geste n'est pas consenti en direction des agriculteurs. Le président de l'Association des professionnels de l'olive pense qu'il est impératif de déclarer la région sinistrée et de débloquer un budget spécial dans le cadre des calamités naturelles. Le directeur des services agricoles a annoncé que l'ensemble des producteurs se regroupera prochainement dans une coopérative. Le même projet est retenu pour l'ensemble des corporations. Le regroupement de la Cnma s'inscrit dans cette optique.