Ce département est en train de battre un record du monde en matière de changement de ministres. L'arrivée de Yahia Guidoum à la tête du département ministériel de la jeunesse et des sports est accueillie, comme toute nouveauté, avec de l'espoir. A chaque nomination d'un nouveau ministre, le mouvement sportif national se dit que, peut-être, elle aboutira à une embellie du sport algérien. Cependant, au fil du temps, il a appris à se méfier et à ne pas se précipiter dans des déclarations trop élogieuses envers le nouveau venu. En quelque sorte, il attend de voir ce qu'il est capable de faire pour s'exprimer et donner son avis sur la question. L'échec de ce département dans la remise sur rails du sport algérien tient, selon nous, à deux aspects. Le premier est qu'il s'agit d'un ministère qui s'occupe, en plus de celles du sport, des affaires de jeunesse. Celles-ci sont bien trop importantes pour les mettre sous la coupe d'une institution en charge du sport et de ses énormes problèmes. Les efforts du ministère se trouvent, de la sorte, éparpillés alors qu'une action soutenue et continue sur une seule mission l'aiderait, d'une manière conséquente, dans sa tâche. Quand un ministre reçoit des représentants d'associations de jeunes puis des élus du mouvement sportif national, il est forcé de promettre mais ne peut aller au bout de ses convictions en matière d'application sur le terrain. Surtout lorsqu'il manque de moyens de mener à bien sa politique. Nous ouvrons, ici, une parenthèse pour souligner que l'une des plus grosses carences dont souffre le sport algérien est, justement, la restriction, sur le plan budgétaire, imposée aux fédérations sportives. A l'heure de la mondialisation et des technologies de pointe en matière de contrôle et de préparation des athlètes, il paraît impensable de demander des résultats probants sans moyens financiers conséquents. La préparation d'un sportif en vue d'aller à la conquête d'une médaille olympique revient, aujourd'hui, à plus de 1 million de dollars. Il faut, donc, savoir ce que l'on veut. Ou l'on cherche les podiums internationaux et là on met les moyens pour y parvenir, ou l'on se contente de jouer «petit», dans ce cas il vaut mieux ne pas gaver l'opinion publique de faux espoirs pour, ensuite, s'en laver les mains et affirmer que c'est la faute des athlètes et de leurs responsables. Des responsables qui activent avec les moyens du bord avec un parc infrastructurel sportif pas bien entretenu, qui fait état de carences et une politique de formation défaillante à cause, justement, du manque de moyens. Le second aspect qui expliquerait l'échec du ministère en matière de sport, c'est l'instabilité chronique dont il souffre au niveau de son poste le plus élevé, celui du ministre. On croit ne pas nous tromper tellement en affirmant que ce département est en train de battre un record du monde en matière de changement de ministres. Yahia Guidoum est le sixième à s'installer à ce poste depuis 2001, c'est-à-dire en quatre ans (Berchiche était là en 2001. Il y a eu, ensuite, Benbouzid, Allalou, Haïchour et enfin Ziari). Comment un ministre peut-il mener à bien une politique si on l'enlève rapidement ? Le sport a besoin de continuité et non d'opérations basées sur de l'éphémère. Comme il a besoin de quelqu'un qui sache dans quoi il met les pieds et qui soit imprégné de la culture sportive. Sur ce point précis, Yahia Guidoum ne serait pas dépaysé étant lui-même un ancien sportif, même s'il n'a pas fait partie de l'élite, et un ancien dirigeant puisqu'il a présidé le Mouloudia de Constantine (MOC). Il arrive dans un département où il lui faudra composer avec les acteurs du mouvement sportif national sachant que le ministère ne sera fort que s'il dispose d'un mouvement sportif national fort. Et ce dernier, qui est engagé dans la préparation du grand rendez-vous de 2007 où il s'agira pour l'Algérie de relever le défi de recevoir l'élite du sport africain, se devra de travailler de concert et en parfaite communion avec un MJS qui sait que la réussite ou l'échec des Jeux africains lui seront attribués.