Sous d'autres cieux, de telles déclarations sont suffisantes pour mettre en branle la machine judiciaire mais, chez nous, il est fort à parier que ça sera un autre coup d'épée dans l'eau. Jugez-en : le tonitruant ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Yahia Guidoum, a jeté, hier matin, sur les ondes de la Chaîne III, un véritable pavé dans la mare en déclarant, sans la moindre hésitation, que la corruption existe dans le monde du football. “Oui, et tout le monde le sait et le reconnaît, notre football est gangrené par la corruption avec ces histoires de matches truqués”, affirme Guidoum sans toutefois préciser que comptait faire son département ministériel face à ce fléau, du reste, dénoncé à chaque saison par des présidents de clubs et des personnalités du football sans que les instances en gestion du football ne réagissent. La FAF, qui a de tout de temps réclamé des preuves à ceux qui parlent de corruption, notamment d'arbitres, restera-telle, encore une fois, stoïque devant les affirmations du MJS ou demandera-t-elle des preuves ? En tout cas, les observateurs, qui ont déjà remarqué que Guidoum est plutôt favorable au départ de l'actuel bureau fédéral de la FAF, ont déjà perçu, à travers la sortie médiatique de Guidoum, une manière d'enfoncer davantage l'actuelle direction de la FAF. “Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, m'a demandé de doter notre football d'une équipe nationale talentueuse et je suis en train de tout faire pour y parvenir”, souligne-t-il. Tout le monde aura compris que celle-ci ne se fera pas sous l'ère Raouraoua. Pour rappel, dans un entretien accordé à Liberté l'été dernier, Guidoum avait déjà parlé de corruption dans le milieu du football sans que cela n'offusque les responsables de la FAF. Interrogé sur son plan de développement pour le football et le sport en général, Guidoum s'est engagé à fournir l'outil de travail pour les sportifs, à savoir les infrastructures. “C'est là un engagement des pouvoirs publics, les sportifs auront des terrains, des stades et des salles”, promet-il. Des promesses déjà faites par ses prédécesseurs sans aucune concrétisation. Pour ce qui est des subventions allouées aux fédérations sportives, M. Yahia Guidoum a précisé que celles-ci “seront octroyées en fonction des résultats des fédérations concernées dans les compétitions internationales”. Autrement dit, au rythme où vont les choses, l'enveloppe allouée au football va davantage se rétrécir, ce qui n'est pas de bon augure pour le prochain président de la FAF. S. B.