Alors que l'Afrique et le Monde arabe ont avancé dans la FIFA, en obtenant plus de places pour participer à la Coupe du monde, l'Afrique et le Monde arabe restent les deux entités qui sont presque ignorées par le festival de Cannes. Pour la 70ème édition du festival de Cannes, le comité d'organisation a dévoilé hier la composante de son jury au public et à la presse. Si le président du jury est connu depuis un bon bout de temps, le réalisateur Pedro Almodovar et la présence de Jessica Chastain en tant que jurée, annoncée le 14 avril dernier en direct sur France Inter par Thierry Frémaux, on ignorait le reste de la composante du jury. C'est chose faite puisque le reste du jury a été dévoilé et comprend notamment, la réalisatrice allemande Maren Ade, l'actrice chinoise Fan Bingbing, la comédienne et réalisatrice française Agnès Jaoui, le réalisateur sud-coréen Park Chan-Wook, l'acteur américain Will Smith, le réalisateur italien Paolo Sorrentino et le compositeur français Gabriel Yared, sont l'essentiel du jury de cette 70ème édition du festival de Cannes. Une grande déception pour les spécialistes arabes, puisque suite à la sélection des films africains et arabes durant les différentes éditions du festival, on s'étonne qu'aucun réalisateur arabe ou africain ne figure dans le jury du festival de Cannes. Même le grand Mohamed Lakhdar Hamina a été une nouvelle fois injustement oublié par le comité d'organisation du festival, alors qu'il a remporté une Palme d'or avec «Chronique des années de braise» et un Prix de la première oeuvre (l'ancêtre de la Caméra d'or en 1966, date à laquelle l'un des membres du jurys de cette édition, Paolo Sorrentino, n'était même pas né). MLK, comme le surnomment les critiques, comptabilise quatre sélections au festival de Cannes: Le vent des Aurès, Chronique..., Vent de sable et La Dernière image. C'est le cinéaste arabe et africain le plus prolifique, et le plus titré avec ses nominations aux Oscars. Malgré ce parcours truffé de succès, MLK n'a jamais été appelé à figurer dans un jury à Cannes. Alors que dans le Monde arabe, l'Algérien Rachid Bouchareb, l'Egyptien Chahine et le Tunisien Farid Boughedir ont déjà fait partie des jurys du festival de Cannes. Pourquoi cette injustice et cette indifférence? En 2012, alors que la France et l'Algérie fêtaient les 50 ans de la fin de la guerre d'Algérie, une association cannoise, dirigée par Christophe Lafuente, président fondateur de l'Association mémoire cannoise, avait fait campagne pour que Lakhdar Hamina soit associé à un jury à Cannes. A l'époque, il avait déclaré «Ce cinéaste algérien fait aussi partie de l'histoire de Cannes», créant même un site pour lancer un appel de soutien au réalisateur algérien et surtout afficher la vidéo de sa consécration au festival de Cannes en 1966 déjà. C'était la première fois dans l'histoire du festival de Cannes qu'un mouvement associatif, français de surcroît, revendique le placement d'un réalisateur algérien dans le jury du festival. Malheureusement, l'appel n'a jamais eu d'écho auprès du comité d'organisation. [email protected]