L'administration a été indulgente vis-à-vis des formations politiques ayant transgressé la réglementation en placardant sauvagement des affiches. La campagne électorale tire à sa fin dans un contexte marqué par l'indifférence totale de la population. Elle tire à sa fin laissant place aux jeux de coulisses et au travail de sape et la course effrénée des candidats à des tractations nocturnes souvent organisées dans des citadelles inexpugnables pour des journalistes. Dans la wilaya d'Oran ce sont 20 formations politiques devant se disputer plus d'un million de voix, dont 50% de votants sont inscrits dans les listes des électeurs. Les trois salles de cinéma de la capitale des Deux lions ont, durant les trois semaines de la campagne de persuasion, abrité près de 80 rassemblements populaires, expositions et autres activités tant séduisantes. Tamazight, la langue absente Dans cette campagne d'innombrables, dépassements ont été orchestrés dont entre autres l'association du discours religieux dans le discours politique, l'utilisation des enfants dans la campagne, l'affichage sauvage dénaturant les façades d'immeubles à peine rénovés. Cette question a, à plusieurs fois, été soulevée. L'administration locale a tenu d'importants écarts vis-à-vis des formations candidates après qu'elle a peaufiné son travail en mettant en place tous les moyens permettant de mener une élection propre dans un climat serein. Dans le tas, elle a réservé plusieurs centaines de sites. En un mot, elle a été indulgente vis-à-vis des formations ayant transgressé la réglementation en placardant sauvagement des affiches des candidats. Les candidats ont parlé de tout et évoqué tous les sujets qui fâchent sauf celui lié à la langue amazighe alors qu'elle a été institutionnalisée en 2002 et officialisée en 2016. La langue amazighe a constitué l'une des grandes omissions des candidats en lice. Hormis Ouyahia du RND, Abdelmalek Bouchaffa du Front des forces socialistes et Louisa Hanoune du Parti des travailleurs, qui ont l'idée d'entamer leurs discours en prononçant le célèbre salut amazigh «Azul», aucun du reste des partis n'a jugé utile de se prononcer sur la question identitaire. Bien au contraire, plus d'un parti ne semble pas s'intéresser, ni de près ni de loin, quant au développement de la langue de Juba (Tipasa), de Massinissa (Constantine) et Syphax (Aïn Témouchent). Cette langue ainsi que sa promotion est prise en charge par la présidence de la République représentée par le Haut-Commissariat à l'amazighité. Pourtant, la majeure partie de l'électorat oranais est constitué d'hommes et de femmes ainsi que d'intellectuels ne cessant de revendiquer la nécessité de promouvoir la première langue de l'Afrique du Nord, tamazgha. «Hélas», dira un professeur des langues à l'institut de Maraval. «Une telle question ne rapporte-elle pas?» s'est-il demandé. C'est un étudiant qui répond par la négative, invitant son professeur à se rendre dans les locaux de l'Association Numidia pour constater de visu le nombre important des Oranais bénéficiant gratuitement des cours en tamazight. D'autres chefs de partis qui se sont succédés sur les podiums des salles de cinéma de la ville d'Oran sont allés un peu loin dans leurs discours en renouvelant leur attachement à un Etat islamique Si le Front des forces socialistes de Hocine Ait Ahmed ou encore le Rassemblement national démocratique de Ouyahia ou bien le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune ont été absolus dans leurs sorties en vendant l'image de leurs partis en défendant le fait qu'ils sont porteurs de véritables projets de société aboutissant à la sortie de crise, d'autres formations sont obnubilées par les strapontins de la députation en invitant les votants à se rendre en masse dans les isoloirs pour faire barrage à la fraude. Or, d'aucuns n'ont apporté une solution à cette fraude, hormis la dénonciation d'un fait qui n'a pas encore lieu. C'est le cas de l'Alliance islamiste du MSP. Cette alliance regroupe la fraction de Abdelmadjid Menasra du Mouvement du changement national et le parti géniteur des dissidents revenus à de meilleurs sentiments. Obsédés par le pouvoir, plus d'un cadre local de cette union avance le nombre de 10 sièges à rafler le jour du 4 mai. «En raison de la fraude, l'Alliance s'attribuera tout de même six sièges sur les 18 sièges devant revenir à la wilaya d'Oran à l'Assemblée populaire nationale», explique-t-on. L'on se demande toutefois, d'où le MSP tire ces statistiques et cette prévision faute de sondages. Cela nous rappelle le discours brûlant tenu par les leaders du parti dissous au début des années 1990. d'aucuns n'ignorent que la mouvance islamiste ne rapporte plus depuis sa dislocation en plusieurs lambeaux, les clivages y prévalant sont d'ordre idéologique. Si L'Alliance du MSP a opté pour le retour à l'opposition, le parti de Amar Ghoul, emportant avec lui plusieurs ex-militants et cadres dans sa dissidence a opté pour son allégeance totale au système. Des partis faibles sur le terrain Il n'est un secret pour personne. Il n'en est rien de la taxation de l'Oranais l'accusant insidieusement d'avoir tourné le dos. Plus que politisé, ce même Oranais de Saint Pierre, de Cavaignac, La Bastille, de Derb et de Sidi El Houari, etc ne croit plus aux paroles en l'air. Ainsi donc, plus d'un Oranais dresse un constat critique à l'égard des formations politiques faiblement présentes sur le terrain. La fraude fait...recette! «L''assise populaire ne se construit nullement en se laissant bercer par la léthargie de cinq années pour revenir à la charge et quémander les voix des votants», dira un professeur en sciences politiques à l'université d'Oran. D'ailleurs, faute d'audimat, plusieurs formations ont dû annuler des meetings tant médiatisés. Il s'agit entre autres des partis microscopiques n'ayant d'assises populaires que de petits groupuscules «soudoyés». Hormis la grosse cylindrée qui a mené une campagne de fond, plusieurs autres formations ont échoué. Autrement dit, la campagne électorale a révélé la véritable dimension des partis, mettant à nu les formations politiques qui se sont contentées d'une existence dans les papiers administratifs sans aucun ancrage populaire. Aussi, leur activisme est, selon plus d'un observateur, intermittent, sans juger utile d'encadrer la population et construire une base solide. Une telle défaillance a motivé plus d'un chef de parti et autres cadres locaux de ces partis à dénicher l'alternative pouvant les mettre en contact avec les populations. Des chefs de partis et autres candidats sont allés à la rencontre des électeurs dans les marchés, les stations de bus, de tramway et dans la rue dans le cadre de ce qu'ils qualifient de rencontres de proximité. D'autres optent pour le discours démagogique reposant essentiellement sur des promesses sans lendemain comme le logement, l'emploi, etc. d'autres sont allés jusqu'à dire qu'ils lutteront au sein de l'Assemblée populaire nationale pour «l'abrogation de l'immunité parlementaire». Mais plus d'un sont intraitables en qualifiant de «récidivistes» les députés-candidats ayant reconduit leur candidature pour un autre mandat.