Il reste à savoir si les politiques vont faire pression sur le gouvernement pour l'application de cette peine La société veut l'application de la peine de mort, les ONG suggèrent son abolition. Entre les deux, le gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Ça revient de plus belle. Le phénomène du kidnapping d'enfants en Algérie secoue de nouveau la société. Un enfant âgé de 9 ans est porté disparu depuis jeudi dernier, dans la commune de Ath Zmenzer, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le village du petit est sous le choc. Des familles entières sont prises par l'angoisse de l'insécurité. Il s'agit de M. Salim, écolier, qui n'a pas regagné son domicile au village Aït Annane après la sortie de l'école, selon les mêmes sources. Ses parents n'ont toujours pas de nouvelles de lui jusqu'à hier en fin d'après-midi, assurent des habitants. Les recherches lancées par les habitants et la gendarmerie depuis l'annonce de la disparition demeurent infructueuses. De nombreux citoyens de la région, mais aussi les autorités civiles et sécuritaires sont à l'affût de la moindre information qui les aiderait à retrouver l'enfant disparu. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre dans la région. Un grand élan de solidarité s'est constitué autour de la famille Mahdad pour contribuer aux opérations de recherche du petit Salim. Pour rappel, la région de Aït Zmenzer a eu à endurer, ces dernières années, plusieurs cas d'enlèvement et de kidnapping de citoyens dont l'un d'eux s'est soldé, malheureusement, par un dénouement macabre, avec l'assassinat du jeune commerçant Mebarek Amirouche, le 29 janvier 2014, dans cette même région de Aït Zmenzer, et ce, après plusieurs jours de captivité, le corps sans vie de la malheureuse victime avait été découvert dans un endroit isolé et surplombant la ville des Ouadhias. La disparition de Salim est le deuxième cas signalé en quelques semaines. On évoque également la disparition d'un enfant à Khenchela. Après avoir oublié le meurtre de la petite Nihal assassinée en août dernier, les familles renouent avec la peur de voir un jour leur progéniture disparaître. Le retour de ce phénomène intervient au moment où le débat sur la peine de mort refait surface. En pleine campagne électorale, plusieurs partis se sont exprimés pour l'application de la peine de mort contre les criminels. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia était le premier à avoir relancé le débat sur cette question. Lors d'un meeting qu'il a animé à Saïda et Tlemcen, le patron du Rassemblement national démocratique s'est engagé à promouvoir l'application de la peine capitale pour mettre un terme à ce phénomène qui menace la société ces dernières années. Ahmed Ouyahia a rappelé, dans la foulée, l'exécution dans les années 1960 de la peine de mort contre le kidnappeur du fils du gouverneur de la Banque d'Algérie et la libération de la jeune victime après 30 jours de captivité. Dans ce contexte, Ahmed Ouyahia a insisté, à ce propos, sur la force de la loi et les mesures coercitives qui sont les instruments à mettre en place pour protéger les citoyens de ces crimes que sont le kidnapping et le trafic de drogue. Une déclaration qui a donné du fil à retordre pour les autres partis politiques. Les islamistes qui ont toujours plaidé pour l'application des principes de la «chariaâ», oeil pour oeil, sont revenus à la charge. Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix a mis en exergue dans son discours électoral l'importance de passer à l'application de la peine de mort pour mettre fin à ce phénomène qui prend des proportions alarmantes. Effectivement, les chiffres communiqués par les services de sécurité donnent froid dans le dos. De janvier 2014 à fin août 2015, plus de 8940 enfants ont été victimes de violences, dont plus de 2400 victimes de sévices sexuels. Ce qui exige de sévir en urgence contre les criminels. Malgré le fait que la sonnette d'alarme ait été tirée à plusieurs reprises par les associations et les parents d'élèves pour procéder à l'application de la peine de mort contre les criminels de l'innocence, l'appel n'a pas eu d'écho favorable auprès des pouvoirs publics. La peine de mort n'a pas été appliquée depuis 1993. Malgré cela, l'Algérie est vivement interpellée par les ONG pour la supprimer définitivement. Jean-Jacques Uettiwiller, président sortant de l'Union internationale des avocats (UIA), a émis le voeu de voir un jour les textes de loi de la peine de mort retirés du Code pénal. «Nous reconnaissons les avancées notables de l'abolition de la peine de mort en Algérie et nous souhaitons qu'un jour les textes de loi soient retirés définitivement», a-t-il souhaité avant de rendre un grand hommage aux avocats et magistrats ainsi qu'aux militants des droits de l'homme algériens qui ont lutté pour son abolition. Entre les revendications de la société qui appelle à l'application de la peine de mort et les interpellations des ONG qui suggèrent son abolition, le gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Il reste à savoir si les politiques vont faire pression sur le gouvernement pour l'application de cette peine. Attendons pour voir!