186 bureaux de vote ont été mis en place pour accueillir la communauté algérienne établie en France Le duel électoral opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron occupe la conscience collective des émigrés au vu des enjeux et des retombées négatives au cas où la «vague bleu marine» venait à être adoubée au soir de dimanche prochain. La communauté algérienne établie en France a voté les 29 et 30 avril dernier et votera encore le 4 mai prochain pour désigner ses futurs représentants à l'Assemblée populaire nationale. Côté technique, ressource humaine et matériel, tout a été mis en place pour la réussite de cette opération de vote. Pour ce faire, la France a été répartie en deux zones: France Nord avec 463.260 inscrits et France Sud avec 300.511 inscrits. Aussi, 186 bureaux de vote ont été mis en place pour accueillir la communauté algérienne établie en France durant trois jours: les 29 et 30 avril et le 4 mai. Au vu de l'affluence mitigée des électeurs les deux premiers jours, les 29 et 30 avril, il faut dire que la tendance est à une faible participation. Mais ne présageons de rien, il va falloir attendre le verdict du 4 mai. Les candidats que nous avons pu joindre ces jours-ci sont un peu déçus. Le pessimisme se lit sur les visages des candidats et des militants invités par leurs formations politiques à suivre ces élections législatives. «Il y a une faible participation au vote. Et cela relève de la responsabilité de l'Etat qui a creusé entre le citoyen et la pratique politique tout un fossé», explique Amar Tabouda, candidat du Front des forces socialistes (FFS), dans la zone 1. Son camarade, I. Abdenour, soutient: «Nous avons mené une campagne de proximité à travers plusieurs communes de l'Ile de France et plus particulièrement à Saint-Denis, Argenteuil, Montreuil, Bagneux, Bobigny et Barbès, pour ne citer que ces communes, mais, en dépit de l'intérêt affiché par les citoyens algériens pour le projet du FFS, néanmoins ces derniers sont animés plus par la présidentielle française qui se joue en même temps avec notre élection législative». Même son de cloche auprès de B. Mohand, militant du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui souligne, quant à lui, «la mobilisation pour les présentes élections législatives fait défaut». «J'étais présent et j'ai suivi le déroulement des élections durant les journées de samedi à dimanche, mais force est de constater que l'abstention risque de marquer des points contre la participation», témoigne, amèrement le militant du RCD. Et de poursuivre: «Le carnaval continu de l'élection présidentielle française vient de brouiller les élections législatives algériennes. La communauté algérienne établie en France a peur de la victoire de Marine Le Pen contre Emmanuel Macron, par conséquent elle est plus soucieuse de son présent et de son avenir en France. C'est pourquoi elle affiche moins d'intérêt quant au choix de ses futurs parlementaires.» Des Algériens, notamment ceux de l'opposition, interrogés à l'occasion avancent des arguments plus ou moins variés. Ils ne parlent plus d'un éventuel détournement des voix ou encore moins du bourrage des urnes. Ils désignent la classe politique qui s'est totalement effacée et l'absence de crédibilité chez les candidats. «Les précédentes élections avaient connu plus d'affluence dans les bureaux de vote. Pourtant, les fonctionnaires de l'Etat algérien ont mis les bouchées doubles et n'ont pas lésiné sur les moyens pour éviter tout ratage le jour J, assure une source proche des fonctionnaires algériens. Et de poursuivre: «Réussir l'accueil de notre communauté dans de bonnes conditions n'est pas une mince affaire. Le nombre d'inscrits s'élève à 763.771 et ce n'est pas rien». Pourquoi faut-il toujours désigner l'Etat d'être à l'origine de l'abstention observée lors des joutes électorales? Les formations politiques ne sont-elles pas aussi responsables de cette situation si elle venait à se produire, sans candidat et sans visage? Deux interrogations qui se dégageaient d'une discussion que tenaient deux Algériens, Lounès et Arezki, rencontrés dimanche dernier à quelques encablures du consulat d'Algérie, à Bobigny, lors du deuxième jour du vote. Lounès et Arezki s'attendaient, selon leurs dires, à cette abstention. «Ces élections n'ont pas drainé beaucoup de monde et c'était prévisible. On n'a pas vu un travail de mobilisation des partis politiques comme cela se faisait il y a quelques années», expliquent-ils avant d'ajouter: «On dirait que les formations politiques algériennes ont déserté la vie politique de l'émigration. Pourtant, c'est aussi de leur responsabilité de redonner confiance au peuple en veillant au respect de son choix.» A cette démission politique partisane s'ajoute l'élection présidentielle française qui a créé un véritable brouillard sur les législatives en Algérie. Ces élections tombent donc au mauvais moment. «Elles coïncident avec l'élection présidentielle française qui tient en haleine toutes les communautés étrangères établies en France et plus particulièrement les Algériens», argumentent Lounès et Arezki. Le duel électoral opposant Marine Le Pen à Emmanuel Macron occupe le conscient collectif de l'émigration du fait des enjeux et des retombées négatives sur son présent et son avenir dans le cas où la patronne de l'extrême droite venait à être adoubée au soir de dimanche prochain. C'est dire que la présidentielle française a volé la vedette aux législatives algériennes.