Se rendre en force aux urnes pour consolider les institutions constitutionnelles C'est le moment de vérité pour les électeurs algériens qui se rendront aujourd'hui aux urnes pour désigner les députés qui les représenteront à l'Assemblée populaire nationale et qui auront à gérer un contexte économique très difficile. Le nombre d'électeurs à la faveur de la révision ordinaire et exceptionnelle du fichier électoral a atteint 23251.503 électeurs. Face à ce nombre impressionnant, lequel, dans l'absolu, augure d'un taux de participation conséquent, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, a, à la veille du scrutin de ce 4 mai, réitéré son appel en direction de toutes les catégories de la société «pour se rendre en force aux urnes à l'effet de consolider les institutions constitutionnelles». Certes, ce corps électoral peut en lui même augurer d'un taux de participation exceptionnel. Mais de là à afficher un optimisme béat quant à la réponse que donne le peuple à l'appel de l'officiel algérien, on reste plutôt circonspect, tant les Algériens ont cette caractéristique de voter moins aux législatives. Ce qui n'est pas un bon signe pour la démocratie. L'on se hasarde néanmoins à livrer quelques explication à cette abstention récurrente. Notamment la fameuse politique des quotas qui le plus souvent a éloigné les électeurs de l'urne. Figure également au menu, la donne peu orthodoxe, soit la triche. L'autre enjeu qui n'est pas spécifique à l'Algérie, puisque nos voisins immédiats n'échappent pas à cette donne, est attribué à l'abstention que redoutent tant les politiques. Ils sont à ce titre moins de 40% à voter au Royaume chérifien. Ces aléas sont toutefois contrecarrés par une nouveauté de taille; citons la Hiise ou Haute instance indépendante de surveillance des élections. Cette dernière est une fierté pour l'Algérie, pour reprendre les propres termes de Bedoui, «au regard des missions qui lui ont été confiées et des objectifs qui lui ont été assignés en matière d'accompagnement de la famille politique». La Hiise, autant que les partenaires politiques, et les commissions diligentées par l'Etat signent une réorganisation administrative des services en charge des élections dans les 48 wilayas et les 1541 communes, à travers la mise en place d'instances administratives permanentes opérationnelles tout au long de l'année. C'est là un gage de transparence et d'efficacité annoncés, avec à la clé un cadre qui permet le recours aux nouvelles technologies dans l'accomplissement des nombreuses missions, à l'instar de la radiation systématique des électeurs décédés et une liaison parfaite avec le registre de l'état civil. Notons par ailleurs que Bedoui a évoqué la carte nationale biométrique qui sera utilisée dans le processus électoral grâce aux nombreuses applications qu'elle renferme. La nouvelle Constitution est l'autre inédit de ce scrutin. Ce texte fondamental charrie en effet la possibilité inouïe d'interpeller le gouvernement et de faire avancer les choses. Il ouvre littéralement une nouvelle ère du fait qu'il constitue un premier jalon sur la voie des réformes politiques et constitutionnelles initiées par le président de la République. Il consacre les valeurs de la nouvelle Constitution qui accorde davantage d'importance au citoyen, à la société civile et aux partenaires sociaux. Le gouvernement a en sus mobilisé tous les moyens matériels et humains pour permettre au citoyen d'accomplir son devoir électoral, est-il indiqué. Le scrutin de ce 4 mai préfigure en outre d'une sous-cartographie politique nationale. L'on estime à ce titre que l'architecture générale sera gardée par un FLN majoritaire, secondé par le RND. Autant dire que le vainqueur de cette course électorale pourra peser de tout son poids en 2019, année synonyme de présidentielle. L'autre non-dit de ce scrutin printanier ce sont les islamistes qui ont développé l'art de se métamorphoser au gré des évolutions politiques et de la nation. Ils jouent leur va-tout dans cette course électorale qui pourrait d'ailleurs refléter une tendance à l'islamisation tous azimuts de la société. Cette tendance sera-t-elle reflétée par l'urne? La question est posée par nombre d'observateurs qui rappellent que les formations islamistes toutes bannières confondues ont surfé sur la vague des fameux printemps arabes, mais ont vite déchanté à l'issue de leurs campagnes...ils se sont fait ramasser à la petite cuillère. Ont-ils aujourd'hui adapté leurs tactiques et de quoi accoucheront leurs méthodes? L'urne nous le dira.