Pour la classe politique, l'abstention donne plus de possibilités de fraude pour l'administration qui a le contrôle exclusif du fichier électoral. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a convoqué le corps électoral pour le 4 mai prochain. Les partis politiques ont, dans leur majorité, décidé de s'inscrire pour la compétition. Mais cela ne rassérène pas le gouvernement à qui il reste un grand défi à relever : ramener le taux d'abstention électorale à un seuil acceptable lors du prochain scrutin législatif. En clair, mobiliser au maximum pour lutter contre le spectre de l'abstention, un phénomène traditionnellement avéré en Algérie, particulièrement lorsqu'il s'agit d'élire une Assemblée populaire nationale. Une institution de la République qui continue de manquer de crédibilité, voire de légitimité et pour laquelle, donc, les citoyens ne voient pas d'utilité. Ce qui les démobilise, bien évidemment. À cela s'ajoutent, accuse l'opposition, les pratiques peu orthodoxes du pouvoir qui a pris la fâcheuse habitude de définir et répartir les quotas de strapontins sur les clientèles. Le renouvellement de la pratique est appréhendé, malgré le nouveau dispositif réglementaire et la multiplication par le gouvernement des gages pour un scrutin transparent. Le secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Hocine Mazouz, a sillonné le pays avec pour mission d'influer positivement sur l'attitude électorale du citoyen qui n'affiche pas forcément des dispositions à aller glisser le bulletin dans l'urne quand arrivera le jour du vote. Le haut cadre du ministère de l'Intérieur était jeudi à Oran pour présider un colloque régional sur la préparation des prochaines échéances électorales, notamment législatives. Il a tenté de rassurer qu'"à compter de cette année, le travail des services des élections des APC deviendra quotidien et sera encadré et équipé, ceci afin d'assurer la pleine transparence des élections". Avant lui, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, avait affirmé que "les prochaines élections seront d'un plus haut niveau", et que "la nouvelle Constitution sera le principal garant de la transparence et de la régularité des élections, grâce aux lois qu'elle renferme, ainsi que la Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), qui sera indépendante à 100%". Une instance déjà installée et opérationnelle. Mais le discours suffira-t-il, à lui seul, à évacuer le spectre de la fraude et, partant, faire reculer l'abstention ? Pas si sûr. La promesse n'est pas appréciée comme une garantie de transparence. Elle est toujours sujette à caution. L'opposition doute de la sincérité du gouvernement. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, pour ne citer qu'elle, affirmait, il y a à peine une semaine, que "les conditions d'un scrutin libre et transparent n'étaient pas encore réunies". Des partis comme le RCD, le FFS et les islamistes ne sont pas en reste. Ils partagent la même appréhension. Ce qui n'est pas pour convaincre pour une mobilisation électorale. À plus forte raison lorsque l'élection porte sur le renouvellement de la composante de la Chambre basse du Parlement. Surtout aussi que la législature actuelle s'est achevée sur un goût désagréable. Elle s'est terminé sur la validation à la fois de la loi de finances 2017—une loi très contraignante pour la majorité des citoyens—et de la loi sur la retraite. Un baisser de rideau qui n'est pas pour booster la participation au scrutin. Mehdi Mehenni