Les finalistes de la présidentielle française, le centriste Emmanuel Macron et la dirigeante du FN, Marine Le Pen, ont-ils convaincu? Demain les Français désigneront le mieux-disant d'entre eux Dernières interventions médiatiques, dernières visites de terrain: le favori de la présidentielle française, le centriste Emmanuel Macron, et sa rivale d'extrême droite, Marine Le Pen, mettaient un terme hier à une campagne sous haute tension. Avant la clôture de la campagne officielle à 22h00 GMT, qui impose un silence médiatique, Emmanuel Macron voit son avance confortée dans les derniers sondages, à 61,5% contre 38,5% pour Marine Le Pen, ou même 62%-38%. Mme Le Pen, visée par une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants de son parti au Parlement européen, a été accueillie aux cris de «Marine, rends l'argent!» à la cathédrale de Reims (Nord-Est), où étaient sacrés les rois de France. Une visite surprise qui ne figurait pas à son agenda officiel. Certains manifestants étaient venus munis de ballons aux couleurs de l'Union européenne ou de pancartes «barrons la route à l'extrême droite». Emmanuel Macron, en déplacement la veille déjà dans le sud-ouest du pays, a poursuivi son programme hier en visitant lui aussi une cathédrale, à Rodez. Avec les précautions oratoires nécessaires, il évoque désormais l'après-14 mai, date en principe limite pour une passation de pouvoir entre l'actuel président François Hollande et son successeur. Il a confié hier avoir déjà choisi son Premier ministre, «s'il est élu» et travailler à la composition de l'équipe gouvernementale. Comme si d'ores et déjà, la page de cette campagne difficile, parfois virulente, était tournée. L'entre-deux-tours, qui l'a laissé en face-à-face avec Mme Le Pen, a été particulièrement âpre, avec un point culminant lors d'un débat télévisé mercredi soir qui a viré au pugilat verbal, Mme Le Pen ouvrant les hostilités dès la première minute. Cette prestation n'a pas été appréciée, même au sein de son propre camp. Et au lendemain de l'émission, la candidate du Front national a perdu trois points, selon un sondage Elabe, par rapport à une précédente enquête réalisée du 28 avril au 2 mai, tandis que son rival pro-européen d'En Marche! en gagnait trois. A deux jours du vote, la participation potentielle reste cependant relativement faible: seules 68% des personnes interrogées se disent certaines d'aller voter. Emmanuel Macron doit se rendre dans la soirée dans le nord de la France, au Touquet, où il votera demain avant de regagner Paris. Marine Le Pen, elle votera dans son fief d'Hénin-Beaumont, également dans le Nord. Hier matin, elle a rencontré des responsables d'un syndicat de police avant de partir pour Reims. Celle qui avait insinué que M.Macron possédait un compte offshore aux Bahamas s'est aussi défendue d'être visée par une plainte contre X déposée par Emmanuel Macron pour «propagation de fausse rumeur»: «si c'était le cas, il aurait porté plainte contre moi», a-t-elle dit, niant aussi que son parti soit responsable de la propagation massive de cette rumeur sur internet et sur les réseaux sociaux. Serein, M.Macron se projette lui sur la semaine prochaine, qui sera consacrée à la composition de sa future équipe gouvernementale, «si les Français (lui) font confiance», a-t-il dit. Quant à son Premier ministre, il l'a déjà choisi mais «in petto», c'est-à-dire «dans son coeur», secrètement, et nul interviewer ne lui fera divulguer le nom de l'intéressé(e), qui n'est lui-même - ou elle-même - pas encore au courant. Emmanuel Macron avait indiqué début mars «plutôt» souhaiter une femme à la tête du gouvernement. Femme ou homme, c'est ce Premier ministre, a-t-il souligné, qui sera chargé de mener la campagne des législatives, la prochaine échéance électorale française qui donnera ou pas une majorité au prochain chef de l'Etat. Pour sa part, le président socialiste sortant François Hollande a souhaité hier «le score le plus élevé» possible demain pour Emmanuel Macron, qui a engrangé les soutiens au cours des dernières semaines. Le dernier en date, jeudi, venu de l'ancien président américain Barack Obama, a déclenché l'ire de la nièce de Marine Le Pen, la députée Marion Maréchal Le Pen, qui a jugé «parfaitement incroyable qu'un ancien président américain puisse venir s'ingérer de manière aussi directe dans la politique française».