Qui restera? Qui partira? Qui fera son entrée dans la prochaine équipe gouvernementale et qui la dirigera? Une vraie frénésie a saisi depuis quelques jours tous les cabinets ministériels pour savoir de quoi sera fait demain. Plutôt, les jours qui suivront l'installation de la nouvelle APN. On a ressorti des boîtes à pharmacie, les tubes de Lexomil en ces temps d'anxiété pour chasser le cauchemar d'une disgrâce annoncée, on a évalué puis réévalué le bilan de son passage au pouvoir avec ses hauts et ses bas, on a passé en revue le nombre de ses soutiens cachés ou apparents sur lesquels on peut toujours compter en cas de mauvaise passe avant de se poser la question qui tue: «Et mon mentor?» Les «portables» chauffent et les têtes phosphorent en attendant de voir émerger la combinaison gagnante attendue dans une dizaine de jours, sinon moins et quel personnage sera appelé à la diriger. Voilà, ce sont aujourd'hui en Algérie les jours les plus longs dans la vie d'un ministre en exercice dont la seule peur est de se retrouver sur le «carreau». Sitôt l'épisode du scrutin législatif bouclé, le deuxième chapitre s'ouvre comme dans une pièce de mélodrame où les scènes violentes succèdent aux coups de théâtre. Chez nous, l'alpha et l'oméga de la vie politique sont en fin de compte identiques à ceux de tous les autres pays de la planète. La politique est faite de retournement de veste, de trahison et parfois de renoncement à une vie où l'ivresse du pouvoir est quasi quotidienne. Les Brutus sont tapis dans l'ombre ou derrière les rideaux, prêts à tirer leur dague pour frapper dans le dos celui avec qui l'on vient justement de partager «le pain et le sel»! Il n'y a pas d'angélisme en politique. Le peuple est impatient de connaître comme dans les instants qui précédent l'entrée d'une équipe de foot sur le terrain, la composition élaborée par le coach. Et ceux qui apprendront à patienter sur le banc de touche. Oui, ce peuple a toujours été sévère avec les «enfants gâtés» de la République qu'il accuse d'avoir comme seules préoccupations les passe-droits et les agapes organisées en groupe. Avec le prochain gouvernement, combien de têtes vont rouler dans le panier? Dans quelques coins d'Alger, ça négocie sec! Chacun des personnages influents dans ce pays a bien dans sa manche quelques noms de «ministrables» et d'ombrageux personnages auxquels il voudrait bien confier le sort du pays et les clés de son coffre-fort avec en prime ses quarante millions d'âmes sans se poser la question au préalable si son choix est judicieux. Dans tout ce méli-mélo, il y a bien des ministres, des gens bien nantis politiquement, qui sont prêts à lâcher en rase campagne leur «sponsor» pour rallier le camp d'en face! Terrifiante logique que celle de la politique. Dans les salles de rédaction, dans les états-majors de partis, ce sont les mêmes questions lancinantes qui reviennent. Qui sera désigné pour le perchoir de l'APN? Sellal dirigera-t-il la nouvelle équipe gouvernementale? Sinon, qui? Dans ce débat, on reconnaît que Sellal est un homme de compromis. Sa popularité ne prête guère à équivoque. Il est simple. Accessible. Compétent. Et puis, ajoutent ses supporters, «nous lui devons tout de même 5 ans de stabilité politique». En face, sur l'autre trottoir, il y a ses contradicteurs qui le chargent de tous les péchés de la planète, partisans acharnés du vieux slogan «tout changer pour ne rien changer». En réalité, le Premier ministre Sellal n'est pas le problème, il est la solution. Le scrutin législatif 2017 à travers les victoires du FLN et du RND apporte la démonstration que le pouvoir, comme certains l'avaient prédit à tort, n'est pas prêt de tomber dans les abîmes d'impopularité, même si cette fois-ci le parti de Ould Abbès se découvre brutalement impur parce que conquis par de malpropres militants. Le RND dont le chef est vaillamment descendu dans l'arène a toutes les raisons de pavoiser et d'entrevoir de larges perspectives d'avenir. Ni le FLN ni le RND ne sont allés droit dans le mur. A eux seuls, ne constituent-ils pas le pouvoir, loin de se déliter sous les coups de boutoir d'une opposition, à bout de souffle, que la majorité des Algériens a toutes les raisons du monde de qualifier d'«inopérante» pour changer un jour le cours historique de la République? [email protected]