Depuis deux jours, on ne parle plus que du démissionnaire de l'APN. Faute de faits particulièrement marquants sur la scène politique ces derniers, jours, les médias ont accordé leur préférence à deux phénomènes de notre temps, à savoir la chute vertigineuse du RND dans l'estime générale et le «crime de lèse-majesté» que vient de commettre Abdelkader Bensalah en démissionnant de son siège de député d'une institution, l'APN, qu'il a pourtant dirigée pendant une longue période. Sa démarche entrerait-elle dans une quelconque stratégie du pouvoir dont l'objectif viserait à combler le vide institutionnel laissé par feu Mohammed Chérif Messaâdia au Sénat à son départ pour le repos éternel? Dans ce cas au sein même du Conseil de la nation il existe suffisamment, de personnalités compétentes pour présider aux destinées du Sénat jusqu'au prochain renouvellement des trois quarts de ses membres à la suite des élections cantonales. Mais qu'importe. Toujours est-il que, depuis deux jours, on ne parle plus que de Bensalah, le démissionnaire de l'APN, comme un candidat possible au perchoir du Sénat et, comme de bien entendu, beaucoup y croient. Alors vrai ou pas qu'il serait propulsé sous peu à la présidence du Conseil de la nation? Dans ce cas, le problème qui risque de se poser est simple et tout aussi préoccupant dès lors qu'on saura, dès le départ, que Bensalah est inéligible au Sénat puisque tout le monde sait qu'il n'est pas membre de la Nation. Alors comment faire pour l'y hisser quand même puisqu'il semble établi que c'est bien la décision qui sera adoptée, en dernier ressort pour que la majorité RND, siégeant au Sénat, ne puisse pas se sentir longtemps orpheline? Stratégie peu productive à dire vrai dont les retombées ne feront que retarder l'avènement d'une véritable séparation des pouvoirs. On vient de parler des membres du RND siégeant au Sénat: ils sont plus de 70. Que deviendront-ils après les prochaines élections sénatoriales? Sans être grand clerc ni devin, au point où vont les choses, le RND aura disparu de la vie publique. Comment? C'est très simple... Qui ne se souvient des circonstances qui donnèrent naissance à l'opération la plus audacieuse que le XXe siècle ait jamais enregistrée dans ses annales. Le FLN, après les émeutes de 1988, donne des signes d'incapacité à redresser une situation que le pouvoir en place n'avait pas vu arriver. Il faillait parer au plus pressé. Comment? En autorisant le pluralisme d'un côté, mais en prenant soin d'orienter les récriminations de la population vers le FLN qui, alors qu'il n'était pas gestionnaire de l'Etat, faillit mourir étouffé sous le poids de tant de reproches. Conséquence, des partis politiques commencèrent à naître, mais avant qu'ils ne parviennent à drainer vers eux suffisamment de suffrages, on a pensé qu'il fallait impérativement que le vieux parti de la libération nationale trouve un suppléant pour entretenir un minimum de continuité dans la démarche en continuant à emprunter à l'esprit de Novembre 1954. D'où la naissance «inattendue» du RND pour permettre au candidat Liamine Zeroual d'accéder au pouvoir suprême à la suite d'un scrutin largement entaché de vrais-faux bulletins de vote. Tout cela pour ne pas qu'on reproche à l'Algérie que son Président n'a pas été élu dans la transparence la plus limpide. Bref, cette fois, le RND a au moins servi de substitut à un FLN injustement mis à l'écart pour permettre à l'Etat algérien de continuer à exister et même d'être prêt à défendre contre le pendule déstabilisant de l'intégrisme dont l'Internationale a imposé à notre pays de subir les pires effets destructeurs depuis plus de 10 ans. Aujourd'hui, la donne en Algérie a changé. Elle a si bien changé que l'existence côte à côte de deux partis politiques s'inspirant quasiment de la même démarche ne pourrait que compliquer et le principe de l'alternance et l'indispensable règle démocratique, dont le but régule la liberté d'expression dans la démocratie, mais ne l'étouffe pas comme le ferait un parti unique au pouvoir. Juste après Octobre 1988, la marginalisation du FLN avait laissé un vide difficile à combler devant la montée en cadence des partis naissants. Aujourd'hui, on est convié à une situation tout à fait inverse. En effet, le RND, étant une pièce de trop sur l'échiquier politique, un doublon comme disent les typographes, doit disparaître. Mis sur orbite par nécessité stratégique, le RND est débarqué aujourd'hui parce qu'il rappelle aux observateurs et à l'opinion publique qu'il a également été un parti fabriqué pour servir momentanément une cause. Une cause qui, grâce au retour puissant du FLN sur la scène politique, a été gagnée. Conséquence pour éviter qu'un clone soit confondu avec son modèle, le RND doit disparaître.