Les amants peinture à l'huile de Rochdi Khaled Bessaïh Khaledi, Mimoun et Seddik un nouveau tiercé gagnant dans l'univers des arts plastiques. Trois voix artistiques auxquelles s'est ajoutée celle d'une femme, Nourya... Les quatre artistes ont investi cette semaine le fast-food Bad Buns pour y présenter sous le générique de Lupan'Art, le collectif qui ne cesse de grandir, leur nouvelle expo. «Honneur aux dames!» Alors, graphiste de formation, Nourya a la particularité d'avoir passé une partie de sa jeunesse en Chine où elle a fait ses études et cela l'a profondément marquée. De là est né son projet qu'elle propose aux visiteurs. Elle nous confie: «Je me suis retrouvée dans un milieu culturel très diversifié et riche... J'ai évolué avec des gens venus d'horizons différents et de cultures différentes, mais au final on est tous les mêmes. Sans distinction de religion, de culture et de nationalité. Cette affiche reprend cette idée-là: Imaginez si tout le monde pouvait vivre en harmonie? D'où la chanson de John Lenon. Le fait qu'ils soient tous là et en noir effectivement, c'est pour dire qu'il n'y a pas de différence. Chacun prend un mouvement et évolue à sa manière. Les autres qui sont colorés c'est pour donner de l'espoir.» Ceci pour le fond du travail. Esthétiquement parlant, l'aspect graphique où excelle Nourya est indéniable. Imprimées sur du forex en moyen ou en grand format, ces oeuvres sont noyées dans des figures humaines tout en mouvement, pour exprimer en effet la notion de différence de tout un chacun. Cette disparité humaine en noir est reprise dans une autre oeuvre où l'on remarque également quatre autres oeuvres au milieu qui, plutôt transparentes, se sont détachées du reste pour suggérer ce sentiment de différence. Dans les autres oeuvres, Nourya Benkritli s'est inspirée de L'homme de Vitruve de Léonard de Vinci pour asseoir encore son idée de l'altérité et la diversité humaine. Aussi, peut-on lire «World united» sur une oeuvre où la posture humaine est déclinée sous différents mouvements comme dans le cas du tableau de Léonard De Vinci. Dans un style graphique avéré, Nourya a donné à voir sa sensibilité d'une façon bien originale. Lui faisant face, ce sont les peintures de Seddik qui sont accrochées aux cimaises de cet espace. Seddik est architecte de formation. Le graphisme c'est en peinture qu'il le matérialise. A l'aide de mortier, notre artiste entend recréer dans différents carrés tantôt droits, ou éclatés à l'intérieur, des formats qui se réitèrent sans se ressembler. Notre artiste a choisi les tons noirs et le bleu métallique pour créer son cadre artistique. Un tableau se distingue par le choix de ses teintes rouges. L'artiste qui se plaît à chercher plutôt que de trouver une fin à ses questionnements est en totale expérimentation picturale. Ses oeuvres sont imprégnées d'une certaine aura d'inachevée, presque palpable, mais bien sereine. Dans un registre moins abstrait ce sont les peintures à l'huile de Rochedi Bessayeh Khaled. Après avoir exposé il y a à peine un mois, le voilà qui revient avec quelques nouvelles peintures fraîchement accrochées, qui respirent tout aussi la singularité et le talent. En plus, de «Overdose urbaine» et «Sur un nuage» il revient avec trois nouvelles toiles dont «Etre». Une femme enveloppée couchée qui semble pensive, à méditer sans doute sur le temps qui passe. De savoir si elle a bien mené son existence comme il le fallait ou si elle était passée à côté. Sur sa grosse cuisse, on croit deviner le visage d'un homme. Dans une autre toile où le cadre semble bien étriqué pour contenir la personne, la question de «être ou ne pas être» est à nouveau posée. Au-delà du sentiment de lassitude qui semble transparaître à travers les regards de ces personnages, Rochedi avoue avoir toujours été attiré par les regards tristes et cela ressort naturellement dans son travail. Dans une autre toile bien drôle, une femme avec un chat lui entourant l'épaule avec son bras. Une oeuvre qui peut suggérer l'amour instinctif ou peut-être, exprime t-elle tout simplement le surnom «chaton» avec lequel on peut affubler son amoureux? Inspiré de Modigliani, Rochedi avoue avoir été plus touché par le personnage que représentait ce peintre maudit que par son travail, bien que lui aussi se plaît à mettre des longs cous à ses hommes et femmes avec des touches de couleurs bien attrayantes. Le dernier qui expose au fond de cet espace et néanmoins pas le dernier de la classe est incontestablement un très bon artiste-peintre qui revient avec une nouvelle collection bien sombre. Il s'agit de Ahmed Mimoun qui a choisi de faire parler la nuit en ce qu'elle a de ««dark» à travers, des silhouettes qui se devinent à peine dans un des tableaux intitulé «Terroristes», une pleine lune, ou encore une coulée de lave rouge criarde. Toutefois, c'est l'aspect sombre qui prédomine dans ces tableaux où un trou éclairant du milieu peut pour d'aucuns suggérer soit la sortie du tunnel, l'espoir ou au contraire le vortex de l'enfer...A chacun son interprétation. Très belle exposition, que cette nouvelle «débauche artistique» qui méritait cependant d'être prolongée au grand plaisir des amateurs d'arts plastiques....