La chancelière allemande, Angela Merkel, en campagne pour un scrutin régional qui pourrait être un test pour les législatives de septembre prochain Le parti conservateur de Angela Merkel espérait être conforté hier par un scrutin régional test dans le nord de l'Allemagne à cinq mois des législatives, l'affaiblissement du camp social-démocrate sous la présidence de Martin Schulz. Les électeurs de l'état du Schleswig-Holstein, dans l'extrême nord du pays, sur les rives des mers du Nord et de la Baltique, ont commencé à voter dans la matinée, hier, pour renouveler leur Parlement. Cette région avant tout agricole représente, avec 2,3 millions d'habitants, moins de 3% de la population allemande. Mais le résultat sera suivi de près car il s'agit de l'avant-dernier scrutin avant les élections législatives du 24 septembre au cours desquelles la chancelière Angela Merkel briguera un quatrième mandat. En fin de matinée, le taux de participation était de 21,6%, en hausse de près de quatre points par rapport au précédent scrutin de 2012. Les bureaux de vote fermeront à 18h00 (16h00 GMT) et de premières estimations seront rendues publiques immédiatement après. L'Etat est depuis 2012 administré par les rivaux directs de la CDU d'Angela Merkel dans la course à la chancellerie, les sociaux-démocrates du SPD. Mais, selon le dernier sondage de la chaîne de télévision publique ZDF, ils ne sont crédités que de 29% des suffrages contre 32% pour les démocrates-chrétiens de Angela Merkel. Les sociaux-démocrates pourraient donc perdre la direction du gouvernement régional, d'autant que les scores prédits aux autres formations ne pourraient leur laisser que peu de marge de manoeuvre pour former une coalition. Une défaite du SPD marquerait un «tournant» en faveur de Angela Merkel, écrit le quotidien Die Welt. «Ce serait la première fois depuis son arrivée à la chancellerie en 2005 que la CDU réussirait à reconquérir l'un des nombreux Etats régionaux perdus sur cette période», souligne-t-il. Il s'agirait d'un nouveau coup dur pour le SPD, qui avait repris espoir avec l'arrivée à sa tête en début d'année de l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz. Homme neuf sur la scène politique nationale, il a d'abord permis une remontée spectaculaire de son mouvement descendu un temps à 20% des intentions de vote au niveau national. Le SPD a gagné jusqu'à 15 points pour se retrouver au coude-à-coude avec les conservateurs. Mais cette «Schulzmania», liée aussi à son programme de rupture très ancré à gauche sur les questions sociales, s'est nettement érodée ces dernières semaines: le SPD a perdu une élection en Sarre fin mars et il accuse un retard de huit points au niveau national, d'après un sondage paru cette semaine, avec 28% des intentions de vote contre 36% à la CDU. Et après le Schleswig-Holstein viendra pour les sociaux-démocrates un test encore plus important la semaine suivante. Une élection régionale est en effet prévue pour le 14 mai dans leur fief de Rhénanie du Nord-Westphalie, l'Etat le plus peuplé d'Allemagne, que les sociaux-démocrates dirigent presque sans interruption depuis la guerre. Vu les enjeux, Angela Merkel s'est elle-même déplacée dans le Schleswig-Holstein pour soutenir son candidat, Daniel Günther, 43 ans. Le SPD a également envoyé jeudi son poids lourd Martin Schulz dans les villes de Kiel et de Lübeck, pour des bains de foule avec le ministre-président local, Tosten Albig, 53 ans. Dans cette région frontalière du Danemark, la coalition actuelle formée avec le parti des Verts et celui de la minorité danoise (SSW), paraît menacée par la progression en parallèle du parti libéral FDP. Le parti nationaliste Alternative pour l'Allemagne, l'AfD, est aussi en difficulté. Cette formation antimigrants et eurosceptique, après avoir volé de succès en succès en 2015/2016 en critiquant l'ouverture des portes aux réfugiés par Angela Merkel, est notamment victime de virulentes querelles internes entre durs et modérés. Dans le Schleswig-Holstein comme en Rhénanie du Nord-Westphalie, l'AfD n'est pas certaine d'atteindre le seuil minimum de 5% pour entrer au Parlement.