Angela Merkel a rappelé jeudi son opposition à la mutualisation de la dette des Etats membres de la zone euro via l'émission d'euro-obligations et réaffirmé que le principe de la responsabilité individuelle devait prévaloir pour les 19 Etats ayant l'euro pour devise. "A ce que je vois, il n'y a pas de changement dans notre position, à savoir qu'une mutualisation n'a pas lieu d'être sans d'abord déléguer des compétence à l'Europe. (Or), il n'y a pas que je sache de modification des traités au programme", a déclaré la chef du gouvernement allemand, interrogée une énième fois sur la mise en place d'obligations européennes. Les conservateurs de la CDU d'Angela Merkel craignent que des obligations émises au nom de la zone euro dans son ensemble - une idée qu'a appuyée le candidat du Parti social-démocrate (SPD) à la chancellerie, Martin Schulz - ne se traduisent par une hausse des taux d'intérêt en Allemagne et n'incitent l'Italie, la Grèce et l'Espagne à ne pas respecter leurs programmes d'austérité. Les Etats membres de l'euro sont responsables individuellement et, en cas de danger, des systèmes comme le Mécanisme de stabilité européen (MES) peuvent être utilisés, a souligné Angela Merkel, qui briguera un quatrième mandat de chancelière aux élections législatives du 24 septembre prochain. "Aussi est-ce un non aux euro-obligations", a-t-elle dit devant la presse. Il y a dix jours, le secrétaire général de l'Union démocrate chrétienne (CDU), Peter Tauber, a publié un dossier de citations de Martin Schulz pour, a-t-il dit, rappeler aux électeurs allemands avant le scrutin de septembre que le nouveau patron du SPD et ancien président du Parlement européen est depuis longtemps partisan des euro-obligations. "C'est l'homme qui était pour la mutualisation de la dette", a déclaré le 13 février à Berlin Peter Tauber, qui est aussi le directeur de campagne d'Angela Merkel.
Objectif Schulz Selon ce dossier de neuf pages, Martin Schulz aurait dit le 30 janvier 2012: "Nous voulons les euro-obligations. Une dette commune avec un taux d'intérêt plus bas pourrait désamorcer la crise de la dette dans la zone euro et stabiliser le système bancaire. Les euro-obligations sont une arme puissante contre la spéculation et l'explosion des taux d'intérêt." Schulz a également dit en 2012 dans l'hebdomadaire Der Spiegel que l'émission d'euro-obligations serait la meilleure manière d'alléger le fardeau des taux d'intérêt sur les pays très endettés du sud de la zone euro mais a aussi souligné qu'il s'agissait d'un "débat théorique" attendu que les pays du nord n'en veulent pas. Dans les enquêtes d'opinion, l'écart entre les conservateurs et les sociaux-démocrates s'est nettement resserré depuis la nomination de Schulz, au point de voir le SPD devancer désormais la CDU et son allié chrétien-social bavarois (CSU) dans les intentions de vote pour la première fois depuis plus de dix ans. Selon un sondage de l'institut Infratest Dimap publié jeudi, 32% des électeurs disent vouloir voter pour le SPD, contre 31% pour la CDU-CSU. Dans un sondage paru dimanche dans le Bild am Sonntag, l'institut Emnid créditait le SPD de 33% des intentions de vote contre 32% à la CDU-CSU. Dans les deux cas, c'est la première fois depuis 2006 que le SPD est donné devant la CDU-CSU dans les intentions de vote.