Les jeunes, la nuit tombée, s'adonnent à des acrobaties et des aventures souvent périlleuses Conduire une moto, cela a son plaisir. Flamber avec sa grosse cylindrée est un droit. Mais lorsque des précautions ne sont pas prises et surtout lorsqu'on est en état d'ivresse ou après avoir consommé des drogues, cela engendre des drames. Dans la nuit de lundi à mercredi, six accidents de moto se sont produits à Béjaïa. Plus de huit blessés ont été admis aux urgences du CHU Khellil-Amrane. Certains s'en sortiront plus au moins bien, d'autres auront des séquelles à vie. Cela arrive tous les jours. Bien que les services de sécurité routière ne soient pas laxistes à ce sujet, il se trouve que des jeunes, la nuit tombée, s'adonnent à des acrobaties et des aventures souvent périlleuses. Le constat est accablant.Il ne se passe pas un jour sans que l'on fasse état d'un accident d'un motocycliste qui ne porte pas de casque. Il passe impunément devant les barrages de police. On ferme les yeux ou la lutte est lassante? La question reste posée. Le constat établi régulièrement n'engendre aucune réaction salutaire des pouvoirs publics pour endiguer ces drames qui endeuillent quotidiennement des familles. Même s'il arrive parfois que des actions spectaculaires soient entreprises par les services de la sécurité routière, comme ce fut le cas récemment sur la Nationale 9 lorsque les gendarmes ont saisi pas moins de 70 motos pour diverses infractions, il n'en demeure pas moins que le fléau tue encore. Les statistiques établies par les services compétents sont assez révélatrices de ce fléau. Le dernier bilan effectué sur les 11 mois de l'année en cours, révèle que sur 190 accidents de la circulation ayant causé neuf morts et 218 blessés, rien que dans la wilaya de Guelma, 54 accidents sont imputés aux motos avec un bilan de trois morts et 54 blessés. D'autres bilans des sûretés de wilayas n'y sont pas loin. Il faut croire que la cote d'alerte est atteinte. A Béjaïa comme partout ailleurs, la situation préoccupe. On a l'impression que plus les lois se durcissent, plus il y a d'accidents. Autant pour les autres véhicules que pour les motos, le constat est le même. Ces accidents récurrents n'interpellent pas seulement les pouvoirs publics, mais aussi les parents qui ne se soucient guère de leurs progénitures. «Un parent s'est permis d'insulter voire d'agresser notre personnel qui s'occupe de leurs enfants juste parce que nous les avons empêchés d'entrer dans les locaux des urgences oubliant que leur négligence était à l'origine des drames que nous vivons chaque nuit», raconte Hafid Boudraham, surveillant général du CHU de Béjaïa. Récemment, un autre drame s'est produit à Béjaïa. Un jeune à bord d'une grosse cylindrée de son père a failli perdre la vie en plein carrefour de Naceria au centre-ville. Il a pris possession de la moto de son père. Sans casque et à vive allure, il en perd le contrôle pour percuter de plein fouet un pylône. Il s'en sort avec des blessures le clouant au lit pendant des mois. «Mon voisin a perdu, il y a deux ans son fils âgé de 18 ans à la suite d'un accident de moto. Il est inconsolable! Chaque semaine, des familles sont endeuillées et chacun invoque la fatalité. C'est faux! Nous sommes tous responsables et notre conscience nous interpelle pour sauver des vies humaines!» raconte ce père de famille, qui regrette que des parents «laissent faire leurs enfants sans bouger le petit doigt». «Comment tolérer que des gamins pilotent de grosses motos sans être inquiétés par les services de sécurité?», s'interroge ce commerçant qui voit défiler devant son magasin des jeunes sans casque sur des bolides, que l'on ne voit que sur des circuits automobiles. A Béjaïa, les week-ends sont connus par une présence des plus dangereuses des motos sur les Routes nationales. Ils viennent de partout ces jeunes pour s'adonner à des exercices aussi périlleux pour eux que pour les autres usagers. La Gendarmerie nationale tente de sévir mais en vain. Sans casque et sans papiers parfois, des jeunes des régions de Sétif, Bordj Bou-Arréridj et M'sila trouvent leur compte dans la région de Béjaïa et ils y font du bruit. Les motocyclistes n'appliquent pas le Code de la route, ils empruntent les sens interdits, ne marquent pas les stops, franchissent la ligne continue, effectuent des dépassements dangereux et sèment la terreur dans les cités et quartiers où des bambins innocents sont fauchés par ces chauffards. Beaucoup s'étonnent, en effet, que ces motards circulent sans le port du casque obligatoire en dépit des campagnes de prévention à répétition. Ils vadrouillent en ville, les Routes nationales sans se soucier de la présence des policiers et des gendarmes dont le devoir est d'intervenir pour exiger les documents indispensables et verbaliser ceux qui enfreignent la loi. Ce laxisme encourage ces jeunes inconscients pour devenir un danger public. «Si sous d'autres cieux, le Code de la route est appliqué avec rigueur, chez nous on s'en soucie peu», constate cet ancien émigré qui se remémore la discipline des motocyclistes qui portent le casque protecteur, y compris lorsqu'il s'agit d'un déplacement à bicyclette