Le Palais du gouvernement Dans un message, truffé de sous-entendus, posté sur sa page Facebook, Makri confirme cette rencontre. Profitant d'une entrevue hier avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, le président du MSP, Abderezzak Makri a posté sur sa page Facebook un message truffé de sous-entendus. Makri a indiqué qu'il a rencontré hier, le Premier ministre, précisant qu' «après avoir été contacté par le biais d'un intermédiaire, deux jours auparavant, je voulais confirmer la demande de notre participation au gouvernement». Constat direct: le Premier ministre est en pleines tractations pour constituer son équipe gouvernementale. Une composante qui est loin d'être finalisée. Cette démarche signifie surtout que le nom du Premier ministre est d'ores et déjà connu. Il s'agit de Abdelmalek Sellal puisqu'il est entrain de mener des consultations pour son Exécutif. La reconduction de l'actuel Premier ministre a été rapportée par plusieurs confrères et confirmée par des cercles présidentiels. Ils avancent comme argument les qualités consensuelles de l'homme qui a su mener sans perturbations le bateau Algérie et des moments cruciaux, sans compter sa loyauté infaillible envers le président Bouteflika. Le message de Makri note également que Abdelmalek Sellal «a précisé que c'était à la demande du président de la République», qu'il a demandé à intégrer le MSP dans le prochain gouvernement. Cela confirme également que le Premier ministre a été bel et bien chargé par le président de la République de former le gouvernement et que ce même gouvernement intégrera les autres formations politiques en plus du FLN et du RND qui détiennent la majorité absolue dans la nouvelle assemblée. Il fallait en effet ratisser large avec un gouvernement d'union nationale comme souhaité par plusieurs partis durant la campagne électorale et surtout compenser le grave déficit de légitimité dont souffre le Parlement élu avec un taux record d'abstention (35,7%). S'agissant de la position du MSP quant à intégrer le gouvernement comme souhaité par le président Bouteflika, Makri a précisé que «la décision sera tranchée par le conseil consultatif national qui se réunira après examen par le Conseil constitutionnel des recours introduits par le MSP». Nous voilà donc arrivés au clou du message qui, de prime abord, n'a rien de particulier si ce n'est une fausse modestie qui impliquerait un souci de transparence envers les militants. Pour les initiés de la politique, l'allusion est claire: «Si le Conseil constitutionnel ne nous donne pas raison, s'il ne nous rajoute pas de sièges nous ne participerons pas au gouvernement!». En langage clair cela s'appelle du chantage. Dans le chapitre de l'esquive, l'art de la manipulation et les techniques de l'entrisme, il n'est pas conseillé de s'aventurer avec les islamistes. Sur ce terrain, ils sont de redoutables sprinters. Battus et franchement désavoués, comme toute la classe politique d'ailleurs, lors des dernières législatives, d'aucuns pensaient qu'ils allaient faire le dos rond le temps que la bourrasque électorale passe. Eh bien non! Toujours en embuscade, ils exploitent la moindre faille, la moindre opportunité. Les partis islamistes ont largement composé, ces dernières années, avec le pouvoir, notamment avec l'arrivée de Bouteflika au palais d'El Mouradia en 1999. Ils ont su naviguer et composer avec le système en place pour garder un pied dans la société et un autre dans les institutions. C'est cette duplicité dans la démarche et le discours qui caractérise la mouvance islamiste avec une certaine visibilité politique. Ce double jeu, voire cette judicieuse répartition des tâches au sein même de la mouvance islamiste a permis de tout temps à Bouguera Soltani, Abderrazak Makri, Abdelmadjid Menasra, Mohamed Douibi, ou Mustapha Belmahdi, de ne jamais abandonner complètement le terrain pour ainsi dire que l'entrisme est après tout halal.