Le secrétaire général du RND Le Rassemblement national démocratique (RND) sort victorieux de l'épreuve électorale des législatives du 4 mai. Il a ratissé 100 sièges, c'est une position très confortable pour un parti qui a été pestiféré en 2007 par l'opposition qui l'a accusé de fraude à grande échelle. D'ailleurs, cette situation a pesé lourdement sur le cours politique du RND qui se voyait traiter comme un parti de la fraude, et cela lui a coûté une véritable sanction politique durant les élections législatives de 2012 où il a vu sa représentation au sein de l'hémicycle se rétrécir telle une peau de chagrin. C'était la période de la disette politique pour un RND affaibli et amoindri par la venue de Bouteflika aux commandes. Le président de la République qui était aussi le président du FLN, a joué un rôle déterminant dans la montée du FLN et la descente aux enfers du RND. Cette descente était très lourde, voire choquante, même pour la direction du RND. La venue de Ahmed Ouyahia aux commandes du RND a ramené une autre conception de la gestion de l'appareil du parti, c'est une gestion avec une main de fer sur le plan organique, le parti avait besoin de quelqu'un qui doit mettre le holà au sein de la maison RND et la sortir de l'impasse dans laquelle elle s'était empêtrée. Ce pari a été relevé avec succès par le directeur de cabinet de la Présidence et secrétaire général du RND. Ahmed Ouyahia a su recadrer le RND dans le giron du pouvoir et les institutions de l'Etat et du coup, relancer l'amorce de remodelage de la scène politique à commencer par la reconfiguration d'une nouvelle approche quant au nouveau gouvernement qui sera le prolongement logique des résultats de la dernière joute législative du 4 mai. Beaucoup d'observateurs soulèvent la question du silence du secrétaire général du Rassemblement national démocratique, alors qu'il est le premier gagnant de cette nouvelle reconfiguration électorale, et plus que ça. Même le FLN, pour qu'il puisse constituer un gouvernement doit d'abord et en premier lieu consulter le RND pour que la coalition se fasse sans bruit ni grabuge. Ahmed Ouyahia s'est muré dans un mutisme total, pourtant, le résultat est là, il est plus qu'édifiant en termes d'avancée politique de son parti. Le secrétaire général du RND n'a pas pipé un mot depuis le 5 mai, c'est-à-dire après l'annonce des résultats des élections législatives par le ministre de l'Intérieur, il a rédigé un communiqué où il a remercie les électeurs et les électrices qui ont voté pour les listes du RND. Ouyahia a déclaré via le communiqué que «le RND s'engage à mobiliser ses députés au service de la mise en oeuvre du programme de Son Excellence le président de la République M.Abdelaziz Bouteflika, ainsi que la concrétisation de son propre programme présenté durant la récente campagne électorale», a-t-il déclaré. La déclaration laconique de Ouyahia montre que cet homme du sérail ne parle pas trop, mais il agit dans l'ombre, et il gère le contexte électoral dans le sillage global d'une stratégie qui tient compte des enjeux et des priorités qui sont dictées par les rapports de force qui déterminent les équilibres actuels du système. Le directeur de cabinet de la Présidence fait preuve d'une discipline politique qui émane de sa culture en sa qualité de commis d'Etat, malgré le fait que son parti est arrivé à glaner des sièges d'une importance politique capitale pour se réintroduire dans le pouvoir non pas comme force parlementaire ou comme partenaire au sein du gouvernement, Ouyahia semble concevoir une autre conception, c'est celle qui consacre l'idée que ce dernier pourrait revenir aux commandes à la tête du gouvernement surtout que le contexte économique et les prix du pétrole connaissent une dégringolade sans précédent. Il y a aussi une autre conception qui avance l'idée que Ahmed Ouyahia veut se faire un véritable chemin vers la présidence de la République, et cela ne peut se faire que par le renforcement d'un cadre politique en mesure de mobiliser autour de lui une majorité lui permettant d'aspirer à atteindre cet objectif. La conjoncture actuelle offre des possibilités inouies au secrétaire général du RND de se situer par rapport à l'enjeu primordial qui se présente devant lui, à savoir de briguer le mandat présidentiel qui lui tient à coeur. C'est le seul pari qui reste a être relevé par Ahmed Ouyahia pour terminer sa carrière politique en tant qu'homme du sérail qui ne sait pas dire non quand il s'agit de servir le système en place. Donc, le silence de Ouyahia s'inscrit dans cette optique qui consiste à saisir les opportunités et jouer sur les conjonctures pour bien les gérer et s'introduire avec certitude dans l'ambiance présidentielle.