Lavrov et Tillerson se connaissent de longue date «La Russie et les Etats-Unis influencent grandement la stabilité et la sécurité internationale et on attend bien sûr des résultats concrets d'une telle rencontre. Pour que cela ait lieu, il faut bien la préparer et c'est ce que nous faisons maintenant», a déclaré le MAE russe... Le président des Etats-Unis Donald Trump a reçu hier le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, venu débroussailler les relations entre Moscou et Washington qui évoluent en dents de scie avec la nouvelle administration républicaine. Pourtant, le ton était à l'optimisme en janvier dernier, alors que la Russie s'employait à convaincre de la nécessité d'un large front antiterroriste en Syrie. De tendus, les rapports entre les deux superpuissances sont devenus franchement exécrables, grevés par un climat politique délétère qui a vu le président Trump limoger hier le patron du FBI, James Comey, auquel il reproche...sa gestion de l'affaire des e-mails de Hillary Clinton! Lavrov, après un tête-à-tête avec son homologue Rex Tillerson, a vu Donald Trump pour préparer la rencontre en juillet entre le président américain et le président russe. «La Russie et les Etats-Unis influencent grandement la stabilité et la sécurité internationale et on attend bien sûr des résultats concrets d'une telle rencontre. Pour que cela ait lieu, il faut bien la préparer et c'est ce que nous faisons maintenant», a-t-il déclaré la veille à la chaîne de télévision MIR. «Comme nous, les Américains ont besoin de cette rencontre», a-t-il ajouté en plaidant pour un soutien au plan de désescalade en Syrie mis en oeuvre dans le cadre de l'accord d'Astana. Serguei Lavrov n'était pas revenu à Washington depuis le mois d'août 2013, les discussions avec John Kerry sur l'arrêt de la guerre en Syrie ayant pris fin sur un constat d'échec entre les Etats Unis, soutien de l'opposition, et la Russie, allié du régime du président Bachar al Assad. La menace grandissante des factions terroristes syriennes qui bénéficiaient d'un appui aérien continu de la coalition internationale et progressaient vers Tartous, base navale russe, a poussé Moscou à s'engager en septembre 2015 aux côtés de l'armée syrienne pour contrecarrer leurs ambitions, et celles d'al Nosra, devenue Fateh al Cham, mais toujours inféodée à Al Qaïda. Voici une semaine, à Astana (Kazakhstan), la Russie, la Turquie et l'Iran ont paraphé un projet russe dont le but est de faire baisser le niveau des violences en Syrie. Entrée en vigueur samedi, cette proposition prévoit quatre «zones de désescalade», doublées de «zones de sécurité», avec des postes de contrôle et centres de surveillance tenus par les forces de pays garants et éventuellement par «d'autres parties». Absent des négociations d'Astana, les Etats Unis ne sont pas impliqués dans cet accord mais laissent entendre qu'ils vont «regarder la proposition et voir si elle fonctionne». Le fait est que tous les précédents accords, conclu sous l'égide de l'ONU à Genève, n'ont pas fait long feu, les factions de l'opposition s'évertuant à tenter de rallumer le brasier en profitant du cessez-le-feu. Si les relations entre Moscou et Washington étaient particulièrement grinçantes sous l'administration Obama, elles sont devenues avec Trump encore plus mauvaises, disent les deux protagonistes de la Guerre froide. Et la prochaine rencontre Poutine-Trump sera examinée sous tous les angles pour déceler le signe d'un dégel que rien n'autorise à espérer pour le moment. Moscou ambitionne avec les rencontres entre le numéro deux de la diplomatie américaine Thomas Shannon et le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, Lavrov et Tillerson, Poutine et Trump bientôt, parvenir avant tout «à une compréhension commune de la nécessité d'un régime de désescalade en Syrie». «Si nous parvenons à trouver (...) une position commune avec les Etats-Unis sur cette question, ce sera le résultat le plus important des prochaines discussions», a souligné lundi dernier Riabkov, cité par l'agence russe Interfax. Pour sa part,, le département d'Etat s'est limité à dire que Tillerson et Lavrov ont parlé des «efforts pour une désescalade de la violence, l'acheminement d'une assistance humanitaire au peuple syrien et la préparation du terrain pour un règlement politique du conflit». Sans doute, le sujet de l'Ukraine qui mine encore plus leurs relations depuis 2014 n'était pas fait pour apaiser la tension entre les deux superpuissances. Et à cela, s'ajoute la colère bruyante de la Turquie qui a violemment réagi hier à l'annonce d'une fourniture d'armes américaines aux forces kurdes des YPG, prêtes à attaquer le fief de Daesh en Syrie, Raqqa. Pour Ankara, il s'agit d'une livraison indirecte au PKK, organisation qualifiée de terroriste, une semaine avant la visite à Washington du président Erdogan. Encore un hiatus de l'administration Trump? En fait non, car il s'agit d'une stratégie mise en branle par le Pentagone depuis plusieurs mois, voire depuis deux ans environ.