Deux événements, l'un économique et l'autre culturel de dimension internationale sont passés inaperçus cette semaine en Algérie. C'est un indice significatif de l'intérêt que porte l'Algérien à l'économie et à la culture. Lorsque, ailleurs, ce type d'événement suscite engouement et enthousiasme, ici il est accueilli avec indifférence. Comment expliquer qu'un pays en pleine crise, qui cherche ardemment à diversifier son économie en observant les expositions des pays présents ne crée pas d'effervescence? Comment expliquez qu'un événement culturel de taille du Festival culturel européen qui propose chaque année un programme riche et diversifié où le cinéma, la musique, le théâtre et les arts plastiques sont à l'affiche sans pour autant attirer du monde? La proximité d'un événement religieux, le Ramadhan ne peut pas quand même tout expliquer. L'Algérien semble se désintéresser de tout, il est comme blasé. Il a fait ses choix et personne ne peut les changer. Maintenant, si nous pouvons trouver des circonstances atténuantes pour les Algériens, la presse, d'une manière générale, qui par le passé consacrait ses pages, au moins deux, quotidiennement à l'événement économique de l'année en Algérie, semble elle aussi suivre une chute et une baisse de régime. Et ce n'est pas normal. C'est sous le thème «50 ans au service de l'économie algérienne» que s'est tenue cette édition économique, la cinquantième du genre qui a réuni plus de 10, 30 exposants, dont 494 entreprises étrangères en provenance de 34 pays avec la Russie comme invité d'honneur, présente avec 30 entreprises, ce qui n'est pas rien. L'autre événement, le Festival culturel international européen a débuté avec la célébration de la Journée mondiale du jazz. Un événement tombé à pic pour fêter la musique en la jouant de préférence avec la complicité des autres musiciens, algériens er européens, le temps d'un concert. Le gnaoui s'est fait une place de choix sur scène assurant l'ambiance festive qui invite au pas de deux, laissant le soin au jazz pour le kalwi. Cette musique qui unit les musiciens du monde et les peuples a attiré beaucoup de monde et c'est formidable. Une satisfaction à enregistrer dans ce ciel de grisaille alors que dehors, il fait beau et que la luminosité d'Alger est nulle part ailleurs. Nous sommes sevrés en films récents en provenance de plusieurs pays, ces films sont à l'affiche et les salles restent affreusement vides. Nos politiques ne se déplacent pas et ne montrent pas l'exemple en allant assister en famille à ces manifestations artistiques et culturelles et les Algériens manquent de bons exemples. Sommes-nous toujours sous l'emprise du mois des élections législatives du 4 mai et de ses résultats qui sont marqués par la fraude massive? Sommes-nous toujours peinés par les résultats obtenus par le Parti des travailleurs et par Louisa Hanoune? Avons-nous peur pour les jours de Moussa Touati à qui nous devrons conseiller d'arrêter la grève de la faim qui n'aboutira à rien? Sommes-nous désolés des scores du FFS et du RCD programmés depuis longtemps à ne récolter des voix qu'à Tizi Ouzou et Béjaïa. Sommes-nous obligés de nous infliger le pessimisme rampant du parti qui a un drôle de nom et de son patron Ali Benflis, le seul Ali algérien qui ne soit pas performant et célèbre? Sommes-nous condamnés à faire avec les islamistes et leurs partis politiques qui promettent d'appliquer la chaariaâ et qui font de l'entrisme en attendant. Sommes-nous à ce point perdus pour essayer de retenir les sigles des formations politiques qui n'existent que le temps d'une consultation électorale? Sommes-nous condamnés à prouver que nous sommes un peuple qui refuse une foire international et un festival culturel fut-il européen?