Les syndicalistes ont fait part de leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'à ce que «le harcèlement des syndicalistes cesse» et que «l'on ne porte plus atteinte aux libertés et droits syndicaux». Suspendu de ses fonctions le 7 mai dernier à la poste de Sidi Aich, Amar Younsi, un syndicaliste d'Algérie poste, a eu une forte mobilisation de soutien hier. Alors que le bureau de poste de Sidi Aich demeurait encore bloqué par une grève, hier un rassemblement de protestation a été initié par plusieurs délégués syndicaux ainsi que des acteurs de la société civile de Béjaïa, venus soutenir leur camarade Amar Younsi et exiger sa réintégration dans son poste de travail. Devant le portail d'entrée de la direction d'Algérie poste, jouxtant le boulevard de la Liberté, les syndicalistes ont fait part de leur détermination à poursuivre la mobilisation jusqu'à ce que «le harcèlement des syndicalistes cesse» et que «l'on ne porte plus atteinte aux libertés et droits syndicaux». Les représentants du Cnapeste, de l'Unpef, du Cela, du Satef, du Sntfp, du Snte et du Snap auxquels se sont joints les syndicats du Snapap, du Snateg, le comité de solidarité avec les travailleurs de la wilaya de Béjaïa, la Ligue des droits de l'homme, le collectif des avocats et des députés se sont associés pour une action de solidarité et de soutien, qui n'a de valeur que les craintes quant à un avenir incertain pour l'exercice syndical dans notre pays. Les restrictions et autres harcèlements et licenciements inquiètent plus d'un et la riposte est, à juste titre, un impératif de l'heure. En témoigne cette large banderole sur laquelle on pouvait lire «non à l'arbitraire et à l'injustice», «nous sommes tous des Younsi», «nous sommes tous des suspendus» et «les postiers de Sidi Aich en grève illimitée» de nombreuses autres pancartes, portant la mention «je suis Younsi» sont brandies individuellement par les protestataires regroupés à l'entrée du siège de la direction, placé hier sous une haute surveillance policière. Dans une déclaration rendue publique la veille, les postiers estiment que «l'heure est grave! On veut aujourd'hui nous déposséder d'un acquis obtenu après de longues années de lutte et de sacrifices, car à travers ces intimidations que subissent nos camarades de Béjaïa et à l'instar de ce que nous avons enregistré déjà avec nos camarades de Batna, Djelfa et Constantine, c'est le Snap que l'on veut réduire au silence. Ils ne veulent pas du Snap parce qu'il a fait du recouvrement de la dignité du postier son credo», déclare le syndicat des postiers. L'affaire de Amar Younsi, un postier qui a une carrière sans reproches depuis 31 ans, illustre la menace qui pèse sur le monde syndical. Bien que représentant des travailleurs, il a subi «une sanction arbitraire», qui en dit long sur les entraves à l'exercice syndical. «J'ai été sanctionné pour avoir dénoncé un dépassement de la part du directeur de wilaya d'Algérie poste, concernant la dégradation d'un agent chargé de l'intérim pendant 33 mois alors que la réglementation stipule qu'un agent qui assure l'intérim pendant 1 an et 1 jour est confirmé dans ses fonctions», raconte Amar Younsi dans l'explication de la genèse de cette affaire, qui fait bouger le monde du travail. A noter que les travailleurs de la société de distribution de gaz et d'électricité de Béjaïa sont à leur troisième jour de grève et de sit-in devant la direction. Ce deuxième mouvement de protestation trouve aussi sa raison d'être dans «le licenciement de six syndicalistes». à ce niveau la tension va crescendo et s'agissant de deux secteurs stratégiques, le risque de voir des répercussions sur la société et les salariés en particulier sont à craindre. Si les postes ferment et la SDE est bloquée c'est tout de suite le manque de liquidité et de courant qui peut surgir à tout moment. A ce titre les pouvoirs publics se doivent d'agir au plus vite pour faire baisser la tension et remettre les pendules à l'heure.