Masaya Fujiwara, ambassadeur du Japon en Algérie Le 4 juillet 1962, le Japon a reconnu l'Algérie souveraine par un télégramme du Ministre des Affaires étrangères, M. Zentaro Kosaka, et les deux pays ont par la suite échangé les notes verbales pour établir les relations diplomatiques le 28 novembre de la même année. Nos deux pays avaient des relations d'amitié et de solidarité même avant l'indépendance algérienne comme en témoigne l'établissement du bureau d'Extrême-Orient du FLN à Tokyo au mois de septembre 1958 représenté par M.Abderrahmane Kiouane et M.Abdelmalek Benhabylès, futur Ambassadeur d'Algérie au Japon. Du côté japonais, l'Association nippo-nord-africaine (future l'Association algéro-japonaise) a été créée par M.Tokuma Utsunomiya, un grand homme politique japonais, le 14 février 1961 et a apporté son soutien à l'activité de ces premiers Algériens au Japon. L'année 2017 verra donc la célébration du 55e anniversaire des relations diplomatiques algéro-japonaises. Je voudrais aborder l'évolution de ces relations jusqu'à présent, et leurs perspectives d'avenir. «Les relations exceptionnelles dans les années 1970 et 1980» Après l'indépendance, des entreprises japonaises ont joué un rôle central dans le développement des relations entre l'Algérie et le Japon, notamment, la construction de la raffinerie de pétrole à Arzew ou encore le complexe gazier à Hassi R'mel dans lesquels JGC et Itochu se sont engagées étaient des premiers projets importants pour appuyer le développement algérien. Dans les années 1970 et 1980, des entreprises japonaises se sont engagées dans la construction des usines textiles à Nedroma, l'usine sidérurgique à El Hadjar ou encore le barrage de Gargar. Le commerce entre nos deux pays était actif, dans le domaine des produits hydrocarbures et des produits manufacturés tels que l'automobile et les appareils électriques. La communauté japonaise comptait plus de 3000 à l'époque, la plus importante en Afrique. En 1986, le campus de l'USTO, conçu par le célèbre architecte japonais, M.Kenzo Tange, a été réalisé. Il ne faut pas oublier de mentionner «Le Japonais d'In-Belbel», Pr Iwao Kobori de l'Université de Tokyo qui a fait des études sur la foggara pendant plus de 40 ans en allant dans le désert du Sahara. «La nouvelle dynamique des relations algéro-japonaises» Alors que les relations algéro-japonaises ont stagné durant les années 1990 à cause de la décennie noire, la stagnation de l'économie japonaise ainsi que l'attentat terroriste à Tiguentourine en janvier 2013, je suis heureux de constater qu'aujourd'hui il se produit une nouvelle dynamique entre nos deux pays au moment du 55e anniversaire de nos relations: en premier lieu, les relations politiques entre nos deux pays sont excellentes. Le président de la République, S.E.M.Abdelaziz Bouteflika a visité le Japon trois fois, notamment lors d'une visite officielle en 2004. Suite à la visite en Algérie du ministre japonais des Affaires étrangères, M.Maehara, en 2010, nos deux pays ont régulièrement organisé les consultations politiques. Aussi, nous avons commencé les consultations sécuritaire et antiterroriste après l'attentat terroriste à Tiguentourine en 2013. Notre gouvernement apprécie le rôle de l'Algérie pour la paix et la stabilité de la région et cela s'explique par le renforcement de la coopération dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. Cette année j'oeuvrai à organiser des dialogues au niveau ministériel sur des questions politique et sécuritaire, ce qui permettra de donner des directives de future orientation des relations bilatérales à moyen et long terme. En deuxième lieu, en ce qui concerne l'économie, un nouveau partenariat gagnant-gagnant est en train de surgir entre l'Algérie et le Japon, chacun mettant en oeuvre la «nouvelle stratégie de croissance économique». Les investissements des sociétés japonaises en Algérie telles que dans le secteur d'automobile contribueront à industrialiser l'Algérie par le transfert de technologie et du savoir-faire. Notre gouvernement continue à appuyer l'Algérie dans le développement des ressources humaines et des infrastructures de qualité telles que le port, l'électricité et le dessalement d'eau de mer. Jusqu'ici, plus de 350 Algériens ont eu la formation au Japon sur la base de l'Accord sur la coopération technique algéro-japonais signé lors de la visite de S.E.M.Abdelaziz Bouteflika en 2004. La formation de pays tiers au sein de l'Eole nationale supérieure maritime à Bou Ismaïl, le projet de «Sahara Solar Breeder (SSB)» autour de l'USTO, les études antisismiques au Centre national de recherche appliquée en génie parasismique (CGS) sont de bons exemples de cette coopération. Le Japon continuera à soutenir la réforme de l'économie algérienne dans les domaines comme l'industrie, l'agriculture, la pêche, les énergies renouvelables, la prévention contre les sinistres ou encore le tourisme. Je voudrais féliciter le «japan-Algeria Business Club» dont le président est Dr Mustapha Mekidèhe de son rôle de catalyseur des hommes d'affaires algériens et japonais. Aussi, les deux gouvernements font avancer les discussions pour installer un nouveau comité mixte public-privé. En troisième lieu, des échanges au niveau des citoyens à travers la culture et le sport se développent constamment. L'Association d'amitié algéro-japonaise sera prochainement créée par nos amis algériens, notamment par des anciens boursiers et stagiaires algériens au Japon. Les Jeux olympiques de Tokyo 1964 sont les Jeux olympiques auxquels l'Algérie a assisté pour la première fois. Je tiendrais à animer les échanges dans le domaine sportif comme le judo et le karaté vers les Jeux olympiques 2020 qui auront lieu de nouveau à Tokyo. La cérémonie du thé commémorative pour le 55e anniversaire de nos relations diplomatiques sera tenue au mois de juillet et la «Semaine japonaise» sera organisée en automne pour présenter les diverses cultures japonaises comme la calligraphie, le manga, les dessins animés japonais et autres. Je vous invite à y assister. D'ailleurs, je suis heureux d'ajouter que trois mangas japonais «Ninja Hattori-kun», «Black Jack» et «AstroBoy» seront diffusés par l'Entv à partir de cette année. Après 55 ans, les relations entre l'Algérie et lé Japon entrent dans une nouvelle phase de maturité. Je voudrais faire de l'année 2017 une année de l'essor de nos relations dans la génération d'avenir. J'en suis optimiste, parce que nous avons plusieurs atouts devant nous, à commencer par l'histoire de l'amitié historique, les relations exceptionnelles après l'indépendance, une nouvelle dynamique de part et d'autre et surtout la sympathie instinctive entre nos deux peuples.