Les femmes préparent aussi les traditionnelles pâtes comme la «douida», un genre de vermicelle fait à la main, la «rachta» et le couscous. Aquelques jours du début du mois sacré, les ménages s'activent et se préparent pour faire face au jeûne. À Béjaïa, comme partout ailleurs, les préparatifs ne se résument pas à l'approvisionnement en denrées alimentaires. Mais bien d'autres considérations sont prises en compte. Le Ramadhan doit être accueilli autrement que les autres mois de l'année. Des signes, qui ne trompent pas, sont visibles chez les uns et les autres. Tous profitent de la moindre accalmie sur le marché pour s'approvisionner et conserver le plus possible d'aliments. Les années passent, les habitudes ne changent point. La crainte d'une flambée des prix, que l'on enregistre traditionnellement durant ce mois sacré, pousse les familles algériennes à la prévention. L'excitation est là. Elle va crescendo. Comment les familles béjaouies se préparent-elles pour le Ramadhan? Ces jours-ci l'heure est d'abord au grand ménage des foyers. Le nettoyage de fond en comble des maisons est un impératif qu'aucune famille de Béjaïa ne néglige. Les ménagères s'affairent à rendre leurs foyers plus propres que d'habitude. Si la religion exige une propreté corporelle exemplaire pour jeûner selon les préceptes coraniques, celle du foyer n'est pas en reste. Alors on entreprend tout pour cela. Des différents rangements au changement de placement pour les meubles en passant par un coup de peinture, tout y est pour accueillir le mois sacré. Certaines ménagères vont jusqu'à s'équiper de nouveaux ustensiles de cuisine. On se débarrasse des vieilles assiettes, cuillères, cocottes et verres pour les remplacer par des nouveaux. L'autre signe de l'effervescence, qui singularise ces préparatifs, est l'approvisionnement en divers aliments. Les épices et autres denrées pour la traditionnelle chorba passent en tête de liste. Les femmes préparent aussi les traditionnelles pâtes comme la «douida», un genre de vermicelle fait à la main, la «rachta» et le couscous. Puis viennent les viandes tous types confondus. Les moyens frigorifiques, qui étaient plus ou moins à la portée, ont été acquis par les ménages, pas spécialement pour le mois sacré, mais leur usage s'intensifie ces jours-ci. On y stocke du poulet, du poisson et de la viande et parfois même des légumes. Les ménagères aux aguets ne ratent aucune baisse sensible des prix des poivrons, tomates, salades, pour ne citer que ceux-là pour s'approvisionner. Le besoin est tel que rien n'est laissé au hasard. Sabiha, une femme au foyer, est de ces femmes qui ne ratent aucune occasion. «Quand les prix sont au plus bas, j'achète le maximum de fruits et légumes dont je suis sûre que les prix décolleront pendant le mois de Ramadhan», nous dit-elle. «Je congèle de la tomate dans des petits gobelets en plastique, du citron en boule, les viandes...même le poulet et la viande, enfin tout ce qui peut l'être pour éviter toute mauvaise surprise», explique-t-elle. Il s'agit pour toutes ces familles de passer un mois sacré des plus cléments. Lorsqu'on sait toutes les mauvaises surprises qui s'invitent avant même l'arrivée du Ramadhan, on comprend parfaitement cet élan préventif qui, à juste raison, évite des frais supplémentaires. «La tomate qui, ces jours-ci, atteint les 40 ou 60 DA, peut flamber à tout moment comme chaque Ramadhan», juge Saïd, un retraité, qui prend lui aussi ses précautions. Il s'y prend à l'avance. «C'est devenu pour moi une tradition qui me permet de passer le mois plus ou moins à l'aise...», ajoute-t-il.