Bien qu'il n'ait pas encore présenté son programme détaillé, Abdelmadjid Tebboune se refuse au pessimisme sans perdre de vue les «difficultés» que traverse le pays. Le nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, semble à la fois réaliste et optimiste. A peine investi dans ses nouvelles fonctions, il n'a pas daigné parler de «crise» mais il a solennellement reconnu que le pays vit des «difficultés financières». Les difficultés dont il est question, seraient, selon lui, dues non pas à «des réorientations de certaines ressources financières au profit des priorités tracées par le président de la République», ce qui voudrait dire que les déséquilibres et les chancellements enregistrés ces derniers temps sont le résultat non pas de ceux que certains observateurs présentent comme une «double crise économique et politique» mais d'une simple redéfinition des «priorités». D'ailleurs, c'est en termes de «priorités» qu'il a décliné sa vision et sa démarche pour les semaines et les mois à venir. En effet, à peine désigné, Abdelmadjid Tebboune s'est fixé un cap. Il s'agit, explique, le tout frais Premier ministre, d'opérer «une reconversion profonde» de notre économie dans le sens de sa libération de la dictature des hydrocarbures et sa diversification. Dans ce sens, il parle d' «une reconversion économique nécessaire et urgente pour faire en sorte que notre pays ne dépende plus des fluctuations des prix des hydrocarbures». «Il s'agit de construire une économie plus saine et plus équilibrée, dans laquelle le secteur privé aura toute sa place, peut-être même une place prioritaire, avec toute la régulation et le contrôle que doit faire le gouvernement, au nom du président de la République», a-t-il indiqué au terme de sa prise de fonction officielle. Sur les questions sectorielles, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que le gouvernement va «continuer la mission initiée par M. Sellal». «Nous allons reloger tous ceux qui ouvrent droit, avec notamment l'achèvement du programme Aadl, comme on l'a promis au nom du président de la République, au début ou au plus tard fin 2018, ainsi que la relance du programme social et rural», a-t-il dit en mettant le point sur l'éradication totale de la crise du logement, des bidonvilles, l'achèvement de son programme de logement, l'éducation et la santé.Toutefois, pour suggestifs qu'ils paraissent, ces éléments restent vagues et ne permettent pas d'avoir une idée précise de ce que Abdelmadjid Tebboune compte concrètement faire. En la matière, il a été assuré qu'un plan «plus détaillé sera exposé incessamment, dès qu'il sera achevé, devant les élus de la nation, à commencer par l'Assemblée populaire nationale et ensuite le Conseil de la nation». L'opinion est donc invitée à attendre que le nouveau gouvernement établisse sa feuille de route et traduise ses «priorités» en une série de mesures à prendre. Faut-il s'attendre à des surprises? Quand on entend le nouveau Premier ministre dire que, dans le secteur économique, «l'entreprise privée est appelé à occuper une place prioritaire», on est en droit de s'attendre à un virage libéral sans nuances. Mais, sur le plan politique, Abdelmadjid Tebboune est connu pour son conservatisme d'essence socialiste, ce qui n'encourage pas à imaginer une pareille trajectoire à l'économie algérienne durant ses nouvelles fonctions. De plus, digne héritier de son prédécesseur, Abdelmalek Sellal est résolu à appliquer le même programme que ce dernier, à savoir le programme du président de la République, c'est dans la continuité qu'il est censé inscrire son action. «Nous allons continuer la mission commencée par M. Sellal», s'est-il engagé.Avec Abdelmadjid Tebboune, ce n'est pas une ère révolutionnaire qui s'annonce. On est dans la continuité et il s'engage résolument à y rester. Et la raison, elle est, selon le Premier ministre, bien claire: «M. Sellal, ami, frère et compagnon de route, a fait un excellent travail dans des conditions très difficiles, et qui a réussi sa mission». Seule nouveauté possible: la présentation d'un programme à court et à moyen terme avec des objectifs chiffrés et soumis à un agenda précis.