Plusieurs attaques contre des agences postales, des agences bancaires et des transporteurs de fonds ont été enregistrées en Kabylie, ces derniers temps. Tout le monde s'empresse d'attribuer ce nouveau phénomène au terrorisme, alors que les services de police se sont montrés très circonspects et même évoqué le grand banditisme. De l'avis de beaucoup d'observateurs, le terrorisme, ou du moins les groupuscules encore en activité dans certaines régions de la wilaya ont certainement fait jonction avec le banditisme. Les premiers offrant les armes et les seconds le renseignement. Evidemment, on ne peut parler que de terrorisme, car tout ce qui fait peur et terrorise les citoyens est du terrorisme. Maintenant que les maquis ont perdu jusqu'au soutien de leurs anciens «fidèles» avec les dérives ayant caractérisé leur démarche, et surtout devant les coups portés par les forces de l'ordre aux groupes activant dans la région, c'est apparemment le banditisme qui, désormais, fait parler de lui. En Kabylie, il y a certes le retrait des brigades de gendarmerie qui crée une sorte de zone de «non-droit», mais il y a lieu de souligner que la raison ne semble pas être majeure, puisque même les endroits possédant des brigades de gendarmerie ou encore ceux comptant des forces de l'ordre sont touchés par ce phénomène. Les diverses affaires laissent toutefois pantois. En effet, on comprend difficilement comment les agresseurs, dans le cas notamment des attaques contre les transporteurs de fonds, semblaient assez bien renseignés sur au moins les itinéraires et les horaires. Mais comme l'enquête est encore en cours, nous ne pouvons que respecter cela. Dans le cas des attaques des agences postales, et notamment cette dernière attaque contre la poste d'Aït Oumalou, la question qui se pose est de savoir comment ces agresseurs ont pu mettre la main sur une carte professionnelle de la police. Contacté, le commissaire principal de police à Tizi Ouzou dira que plusieurs pistes sont actuellement exploitées par les limiers de la police. Il revient lourdement sur le fait que dans ce cas précis de la poste d'Aït Oumalou, il y a eu comme une faute professionnelle. Et le commissaire d'expliquer que les responsables de cette poste n'ont pas respecté les consignes de sécurité édictées. Ainsi et selon le commissaire, il aurait été plus sage d'avertir qu'il y avait des liquidités importantes à la poste, ainsi les autorités locales auraient pu dépêcher sur les lieux un détachement des forces de sécurité. Comme il ajoute que l'on n'a pas à ouvrir la porte à un faux policier. D'ailleurs, «que ferait un policier, fût-il vrai, dans un bureau de poste?» A propos de cette suite d'affaires, le commissaire explique que les wilayas de Boumerdès et de Tizi Ouzou sont les régions où opèrent encore quelques groupuscules terroristes. Cependant, il semble plutôt pencher vers le banditisme et rappelle que récemment, une bande de malfaiteurs a été démantelée dans la région de Boghni. «Des jeunes gens utilisent le modus operandi des terroristes et se font passer pour ces derniers pour racketter et faire des incursions. La bande a été mise hors d'état de nuire et cinq fusils à canon scié ont été récupérés.» Comme il précise que le jour même de cet entretien (hier), des jeunes gens ont été arrêtés dans la banlieue de Tizi Ouzou, la précision ne peut être donnée pour ne pas gêner l'enquête. Ces jeunes, qui conduiront certainement à l'arrestation des personnes impliquées dans les attaques des banques, sont actuellement entendus par la police. Comme on le voit, et malgré ce qui semble être un mutisme calculé pour les besoins des enquêtes en cours, la police abat un travail remarquable. Elle s'apprête à faire un gros coup dans les milieux du banditisme.