Les manifestations d'El Houceima ont été instrumentalisées de l'étranger, plus particulièrement sur instigation de l'Algérie Ils veulent appuyer leur thèse selon laquelle les manifestations d'El Houceima ont été instrumentalisées de l'étranger, plus particulièrement sur instigation de l'Algérie. A travers l'arrestation d'un journaliste algérien qui s'est déplacé au Maroc pour couvrir les manifestations du Rif, les services du Royaume chérifien veulent appuyer leur thèse selon laquelle les manifestations d'El Houceima ont été instrumentalisées de l'étranger, plus particulièrement sur instigation de l'Algérie. A titre de rappel, les chefs des partis au pouvoir, ont soupçonné l'implication des parties extérieures dans ces évènements, après le journaliste du quotidien El Watan, Djamel Alilat, qui a été interpellé avant-hier par les forces de sécurité marocaines, alors qu'il couvrait les manifestations dans la région du Rif, rapporte dans son édition d'hier ce journal. Le journaliste se trouvait avant-hier dans un commissariat de la ville de Nador. La direction du journal El Watan s'est dite «très étonnée par cette interpellation et demande la libération du journaliste». «Nous sommes extrêmement préoccupés. Ce qui s'est passé est anormal. C'est un journaliste connu qui fait des reportages partout en Algérie et ailleurs», a déclaré le directeur du journal, Omar Belhouchet, à TSA. «Nous avons estimé qu'il fallait envoyer quelqu'un sur place pour raconter ce qui se passe (la protestation au Rif, ndlr)», a-t-il ajouté. Il a précisé que «toutes les institutions ont été informées par la direction du journal dont le Premier ministère, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Communication». «Notre confrère, Djamel Alilat ne faisait qu'accomplir son devoir de journaliste, comme stipulé d'ailleurs dans l'ordre de mission que lui avait délivré le quotidien El Watan et comme c'est l'usage dans le métier et dans tous les pays du monde», a indiqué dans son communiqué le Syndicat national des journalistes(SNJ) de son côté. Ce syndicat a dénoncé «l'attitude des autorités marocaines pour cette arrestation brutale et abusive, que rien ne saurait justifier».Il exige «la libération immédiate de notre confrère Djamel Allilet et met en garde contre toute atteinte, physique ou morale de l'envoyé spécial d'El Watan». En même temps, le syndicat déplore «l'attitude peu confraternelle de certains médias marocains qui mènent une campagne de propagande hystérique, appartenant à un autre temps et à un autre métier, juste pour diaboliser un journaliste dont le seul tort est d'être de nationalité algérienne!». L'association des journalistes et correspondants de presse de la wilaya de Béjaïa, «condamne fermement cette arrestation arbitraire ainsi que l'entrave à l'exercice de la profession et au droit à l'information et exige la libération immédiatement du confrère Djamel Allilat». L'Ajcb interpelle, enfin, les autorités du pays, le ministre des Affaires étrangères ainsi que le ministre de la Communication pour user de toutes leurs forces et pouvoir libérer notre confrère. Pour rappel, la province d'Al-Hoceima, dans le Rif au nord du Maroc, est en proie à de profond troubles sociaux depuis sept mois. Les activistes du mouvement «Hirak», né après la mort tragique d'un marchand ambulant de poisson broyé dans un camion-benne à ordures en octobre dernier, lorsqu'il a voulu empêcher la destruction de sa marchandise, réclament la levée du «blocus économique» imposé à la région. Ils dénoncent «la corruption généralisée», notamment dans le secteur de la pêche. Sur le plan politique, ils revendiquent la présentation de toutes les personnes impliquées dans la mort du poissonnier devant la justice. Ils demandent aux autorités de divulguer les résultats de l'enquête dans les plus brefs délais. La libération de tous les prisonniers politiques du Rif, ainsi que la suspension des poursuites dont font l'objet les petits cultivateurs de cannabis de la région, l'abrogation du «dahir» de 1958 qui a fait d'Al Hoceïma une zone militaire, sont entre autres revendications, à côté d'autres sociales et culturelles. Ce mouvement populaire a organisé une grandiose manifestation et une grève générale pour dénoncer la corruption, la militarisation, la répression et le chômage dont souffrent Al-Hoceima et toutes les localités du Rif.