Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies a tranché en faveur de l'ancien président allemand (2004-2010) pour succéder à Christopher Ross. Le successeur de Ban Ki-moon a finalement jeté son dévolu sur un «néophyte» des questions internationales. Ce spécialiste des questions économiques et financières, n'est pas précédé d'une réputation de diplomate chevronné au contraire de ses trois prédécesseurs, les Américains James Baker, Christopher Ross et le Hollandais Peter Van Valsum. Au ministère fédéral des Finances entre 1976 et 1990 pour le gouvernement fédéral allemand comme haut fonctionnaire, il a été secrétaire d'Etat de 1990 à 1993, avant de prendre la tête de la Fédération allemande des caisses d'épargne (1993-1998). Il est nommé président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), fonction qu'il assume jusqu'en 2000, après avoir été désigné directeur général du Fonds monétaire international. Il fut président de la République du mois de juillet 2004 au mois de mai 2009. Réélu pour un second mandat la même année, il démissionne un an plus tard, après avoir été mis en cause pour des propos ambigus sur le rôle de l'armée allemande, en Afghanistan. Un profil qui ne faisait pas de lui le favori pour mettre autour de la table des négociations Marocains et Sahraouis pour mettre fin à un conflit qui les oppose depuis plus de 40 ans et organiser un référendum d'autodétermination qui puisse permettre au peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son destin. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies a tranché en sa faveur pour succéder à Christopher Ross. Il hérite d'une situation explosive. La tension était montée en effet d'un cran lorsque le 11 août 2016 les forces d'occupation marocaines ont procédé au Sahara occidental, et à plusieurs reprises, à la traversée du mur militaire marocain vers la zone d'Al Guergarat, située dans le secteur de la 1ère Région militaire sahraouie. On était à deux doigts du retour à la confrontation armée. Le terrain n'a pu être déminé qu'à la veille du vote d'une nouvelle résolution. Le successeur de Christopher Ross aura surtout à «manoeuvrer» avec une composante de la Minurso toujours pas entièrement rétablie suite à la décision du souverain marocain d'expulser la majorité de ses membres après que l'ex-SG de l'ONU, Ban Ki-moon a qualifié la présence marocaine d'«occupation» lors de la visite qu'il avait effectuée au mois de mars 2016 dans les camps de réfugiés sahraouis. Alors que le souverain marocain, après son adhésion à l'Union africaine, jure sur tous les toits qu'il ne «reconnaîtra jamais» la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). «Le Maroc ne reconnaît pas -et ne reconnaîtra jamais- cette entité fantoche...Le retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle continentale ne changera rien dans nos positions immuables concernant la marocanité du Sahara», avait déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères, Nacer Bourita, dans un entretien publié le 5 février 2017 par le site d'info en ligne Le Desk. Le nouveau représentant personnel d'Antonio Guterrès pour le Sahara occidental aura, aussi à faire avec les sautes d'humeur de Mohammed VI qui au moindre rapport qui lui sera défavorable déclenchera les foudres du Palais royal. Le Makhzen n'a eu de cesse de mettre les bâtons dans les roues à son prédécesseur. Christopher Ross qui a réussi à organiser neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, Long Island, près de New York a fini par devenir persona non grata au Maroc. Rabat a décidé de lui retirer sa confiance de façon unilatérale. Ses déclarations ont été jugées de «partiales et déséquilibrées» par le pouvoir marocain. Hörst Kohler connaitra t-il le même sort? Tout dépendra de ce qu'il dira...