L'offensive menée lundi par les forces d'occupation marocaines contre des civils sahraouis du «camp de la liberté», près d'El Aâyoune, a été qualifiée d'événement «hautement fâcheux» par le porte-parole de Ban Ki-moon. C'est certainement fichu pour le troisième cycle de négociations informelles qui ont débuté le 8 novembre à Greentree, à Long Island près de New York. Le souverain marocain n'en fait qu'à sa tête dans le conflit du Sahara occidental. Pris dans la spirale d'une violence qu'il a ouvertement décrétée et qu'il ne contrôle plus, il a l'intention de mettre à genoux le peuple sahraoui qui a pris la décision de s'affranchir de sa tutelle. Pour mater cette résistance pacifique, il a mis le paquet. Il n'a pas lésiné sur les moyens. L'Organisation des Nations unies, visiblement très préoccupée par cette violence, a promptement réagi. «Manifestement, il y a un certain nombre de morts et de blessés que nous regrettons», a déclaré Martin Nesirky, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU lors d'une conférence de presse. L'agression armée contre le camp de réfugiés sahraouis de Gudeim Izik, a surpris ses occupants dans leur sommeil. Elle est intervenue pratiquement au moment même où s'ouvrait le troisième cycle de pourparlers informels sur la question du Sahara occidental, qui a débuté lundi. A cette rencontre entre le Maroc et le Front Polisario, qui s'est tenue dans la banlieue new-yorkaise, participaient l'Algérie et la Mauritanie, en tant que pays voisins et observateurs. En plus de ne rien vouloir entendre, mis à part sa proposition de large autonomie, le Maroc en utilisant la manière forte a mis le conflit du Sahara occidental dans une impasse. «Il est hautement fâcheux que l'opération d'évacuation ait affecté l'atmosphère dans laquelle ces pourparlers sont menés», a convenu le porte-parole du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. Un constat d'échec? La délégation sahraouie présente aux Etats-Unis pour mener les discussions de ce rendez-vous tant attendu a fait part de sa préoccupation à Christopher Ross. «Elle a fait part (la délégation sahraouie, Ndlr) à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU de sa condamnation énergique du massacre perpétré par le Maroc au cours de sa campagne militaire contre le campement de Gudeim Izik qui mine la confiance dans les négociations et discrédite la présence des Nations unies dans le territoire», a indiqué lundi à la presse le ministre sahraoui des Affaires étrangères. Le président de la Rasd a, de son côté, une nouvelle fois attiré l'attention du SG de l'ONU sur cette tragédie que vit le peuple sahraoui. «Nous demandons en urgence l'envoi d'une mission de l'ONU à Al Aâyoune occupée dans le cadre des responsabilités incombant à l'Organisation internationale au Sahara occidental (...) pour assurer la sécurité et les droits des citoyens sahraouis face à la brutalité et la violence des forces d'occupation marocaines», a écrit Mohamed Abdelaziz dans une lettre adressée à Ban Ki-moon. «Nous ne ménagerons aucun effort pour qu'ils puissent exercer leurs droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté d'expression, de mouvement et de retour à leur mère-patrie», a déclaré Mohammed VI, au sujet des réfugiés sahraouis, à l'occasion du discours qu'il a prononcé pour célébrer le 35e anniversaire de la Marche verte. Le lendemain, c'est à coup de grenades lacrymogènes, de canons à eau et de tirs à balles réelles qu'il a sorti de leur sommeil les Sahraouis du camp de Gudeim Izik. La communauté internationale aura eu droit à un avant-goût du projet de large autonomie concocté par le souverain marocain pour le peuple sahraoui.