C'est le titre choisi par le New York Times pour prévenir de la paix fragile qui est «au bord de l'effondrement» dans cette région du Maghreb. Un constat réaliste. Surtout si l'on se réfère à toutes les tentatives du Maroc pour saborder une issue politique à la question sahraouie. A commencer par la composante de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) qui a été décimée sur instruction du souverain marocain en représailles à la déclaration de l'ex-secrétaire général de l'Organisation des Nations unies qui avait qualifié la présence du Maroc au Sahara occidental d'«occupation» lors de sa visite au mois de mars dernier dans les camps des réfugiés sahraouis. Le Maroc avait jugé qu'il avait franchi la ligne jaune. Ses déclarations ont été qualifiées de «partiales et déséquilibrées». «Les comportements contrastés de M.Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental», avait indiqué un communiqué du gouvernement marocain au mois de mai 2012. Et au mois de novembre 2015, alors que Ban-Ki-moon annonçait son retour dans la région, le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, avait brutalement, déclaré: «Il n'a rien à faire ici bien sûr. C'est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune.» Les remparts contre la paix ont été dressés. Le quotidien américain relève le «rythme du changement qui s'est accéléré en mars dernier, lorsque le Maroc a expulsé la composante civile de la mission onusienne, en riposte aux propos tenus par l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui avait, alors, qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d' ́ ́occupation ́ ́, souligne le New York Times qui prévient que la paix fragile est «au bord de l'effondrement». Une conclusion à laquelle a abouti la journaliste auteure de l'article après s'être rendue tout récemment à Al Guergarat et à Tindouf où elle a rencontré le président sahraoui, Brahim Ghali. «Les réfugiés nés et grandis en exil battent les tambours de la guerre», souligne Hannah Armstrong. «Depuis l'expulsion des Casques bleus, les actions du Maroc étaient imprévisibles. Le roi a peut-être sous-estimé les conséquences de cette escalade. Nous avons tout fait pour éviter un scénario de conflit ouvert», ajoute-t-elle. Le président Ghali «semble s'inquiéter de la situation qui prévaut actuellement à Al Guergarat», rapporte-t-elle après l'entretien que lui a accordé le successeur de Mohamed Abdelaziz. Le 11 août 2016, les forces d'occupation marocaines ont procédé au Sahara occidental, et à plusieurs reprises, à traverser le mur militaire marocain vers la zone d'Al Guergarat, située dans le secteur de la 1ère Région militaire sahraouie. Depuis, la tension est montée d'un cran. «La pression pour la guerre a régulièrement augmenté parmi la jeune génération. Nous sommes prêts à aller au mur, la guerre nous est imposée», a confié le commandant Abdelhay Moy, 70 ans, résistant sahraoui rencontré par Hannah Armstrong à l'ouest de Tifaritti (territoire libéré du Sahara occidental).