L'Arabie saoudite et ses alliés ont rompu hier avec le Qatar, le richissime Emirat du Golfe, qu'ils accusent de soutenir le «terrorisme», provoquant une crise diplomatique majeure au Moyen-Orient quinze jours après un appel de Donald Trump à l'unité des Arabes face à l'extrémisme. Les voisins du Qatar ont justifié ces mesures par le «soutien au terrorisme» de Doha, y compris Al-Qaïda, Daesh et les Frères musulmans, confrérie classée terroriste par l'Egypte et des pays du Golfe. Cette décision sans précédent a été précédée par des rebondissements autour de propos explosifs prêtés à l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, 48 heures après le départ de Donald Trump de la région. L'Iran a appelé de son côté hier, le Qatar et ses voisins du Golfe à «un dialogue franc» pour résoudre leurs différends, après la rupture des relations avec Doha décidée par l'Arabie saoudite et ses alliés. «La résolution des différends dans les pays de la région, y compris les problèmes actuels entre les trois voisins du Qatar et ce pays, n'est possible que par des moyens politiques et pacifiques et un dialogue franc entre les parties», indique un communiqué de Bahram Ghasemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. «L'usage de sanctions dans le monde interdépendant d'aujourd'hui est inefficace, inacceptable et condamnable», a-t-il ajouté. L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn ont rompu hier avec le Qatar et décidé notamment de fermer leur espace aérien et leurs frontières terrestres et maritimes avec cette petite, mais très riche monarchie pétrolière et gazière. L'Iran est «inquiet» par la situation ainsi créée et «demande à tous» de «tirer partie des expériences amères dans la région, d'éviter l'émotion et de s'en remettre à la sagesse afin d'aller vers la paix et la désescalade», a affirmé le porte-parole. Selon lui, les tensions «ne bénéficient à aucun gouvernement de la région et menacent les intérêts de tous» alors que le Moyen-Orient et le monde «souffrent de l'expansion du terrorisme». Selon l'Arabie saoudite, Doha soutient aussi «les activités de groupes terroristes soutenus par l'Iran dans la province de Qatif», où se concentre la minorité chiite du Royaume saoudien, ainsi qu'à Bahreïn, secoué depuis plusieurs années par des troubles animés par la majorité chiite de ce pays. La Turquie, qui entretient des rapports étroits avec les monarchies du Golfe, a prôné hier le dialogue et s'est déclarée prête à y aider, pour régler la crise née de la rupture par l'Arabie saoudite et ses alliés de leurs relations avec le Qatar. «Il peut y avoir des problèmes entre les pays (...) mais il faut que le dialogue se poursuive», a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse à Ankara. «Et bien sûr, nous fournirons tout type de soutien pour que la situation revienne à la normale», a-t-il ajouté. La Turquie entretient des rapports privilégiés avec le Qatar, mais aussi de bonnes relations avec les autres monarchies du Golfe, notamment l'Arabie saoudite. Comme le Qatar, la Turquie est souvent accusée de soutenir divers groupes issus de la mouvance des Frères musulmans dans le Monde arabe.