La crise diplomatique qui s'est traduite par l'isolement du Qatar au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG : Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) intervient 15 jours après une visite à Ryadh du président américain Donald Trump qui avait exhorté les pays musulmans à se mobiliser contre l'Iran. Le Qatar a réagi en accusant à son tour ses voisins du Golfe de vouloir le mettre «sous tutelle» et de l'étouffer économiquement. L'émirat prendra «les mesures nécessaires pour mettre en échec les tentatives d'affecter sa population et son économie», a déclaré le ministère des Affaires étrangères à Doha. C'est la crise la plus grave depuis la création 1981 de ce bloc politique et économique. La dernière crise ouverte dans le Golfe remonte à 2014 lorsque trois pays du CCG (Arabie Saoudite, Bahreïn et Emirats) avaient rappelé leur ambassadeur à Doha pour protester contre le soutien du Qatar aux Frères musulmans. Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash avait déjà affirmé le 28 mai que les monarchies du Golfe «traversent une nouvelle crise aiguë» et il somme le Qatar, sans le nommer, de «changer d'attitude et de rétablir la confiance et la transparence». Le Qatar s'était dit le 20 mai dernier victime d'une campagne «mensongère» qui l'accuse de «soutien» au terrorisme avant une visite du président Donald Trump en Arabie saoudite. Le 24 mai, le Qatar avait annoncé que son agence de presse avait été «piratée par une entité inconnue» et que de «fausses» déclarations ont été attribuées à son émir. Parmi les sujets cités figurent l'Iran, le Hezbollah, le mouvement Hamas et les Frères musulmans, des propos que des médias du Golfe s'empressent de relayer malgré les démentis de Doha qui avait ouvert une enquête sur les déclarations, controversées, mises en ligne. Le lendemain, le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a dénoncé «une campagne médiatique hostile à l'Etat du Qatar» à laquelle, dit-il, l'émirat «fera face». Le Qatar, qui se targue de jouer un rôle régional et d'avoir été choisi pour organiser le Mondial-2022 de football a des alliés idéologiques sur cette question au sein de certains monarques arabes, notamment le sultan d'Oman et partiellement celui du Koweït. Leur politique dépend maintenant moins de l'Arabie Saoudite, soulignent les spécialistes de la région.