Hier, la tension demeurait perceptible à Constantine. La situation est de plus en plus complexe à l'université Emir- Abdelkader de Constantine. Les étudiants, qui se sont lancés, ces deux derniers jours, dans des mouvements de protestation, sont de plus en plus décidés à faire beaucoup de bruit. La suppression de la filière des sciences islamiques dans le cycle secondaire constitue pour eux un projet de mépris, lequel, diront d'autres, est un «complot organisé» contre la réforme de l'école. L'escalade verbale à la limite de «l'incorrection politique», dont ont fait montre les manifestants, rappelant les années noires de l'islamisme radical, a contraint les autorités locales à dépêcher un important renfort des forces publiques. Jusqu'à hier, la tension demeurait perceptible à Constantine. Et pour preuve, les étudiants islamistes ont voulu faire une démonstration de force en procédant à la prière du soir sur l'esplanade de la mosquée et non pas à l'intérieur comme à l'accoutumée. L'objectif, relèvent les observateurs, était de narguer les forces de l'ordre déployées sur place. Ce mouvement, qui semble prendre des proportions inquiétantes, a été déclenché suite à l'appel de l'Unea, organisation estudiantine proche du MSP. Les étudiants en charia islamique veulent, par leur position, faire abdiquer le gouvernement, soutiennent les observateurs. Ils n'ont d'ailleurs pas l'intention d'en rester à de simples regroupements et menacent d'un mouvement plus conséquent qui s'étendra sur l'ensemble du territoire national. C'est la deuxième fois que cette organisation fait campagne contre la commission de la réforme de l'éducation. Par leur agissement et leur agitation, ils s'attaquent à un pilier de la République. Le plus énigmatique dans cette campagne est ce collectif des enseignants de la charia, jusque-là inconnu, qui, à la faveur de la grogne, ajoute de «l'huile sur le feu». Un communiqué portant la signature de ce collectif, juge que la démarche de Benbouzid est comme une atteinte à la foi et à la religion. Dans une autre communication, on pouvait lire qu'une pétition a été initiée. Elle aurait déjà rassemblé 3000 signatures. La balle est, à présent, dans le camp du gouvernement et du ministère de l'Education, qui dit-on, dispose déjà de l'aide d'une opinion publique, alertée et fermement opposée à tout ce qui touchera l'édifice républicain encore fragile. Ce qu'on peut dire pour le moment, est qu'en tout état de cause, le recours à la force n'est pas à écarter par les manifestants qui n'ont pas hésité à déclarer leur intention de porter le mouvement dans la rue, même si leurs slogans rappellent un passé de triste mémoire.