Le dernier obstacle potentiel est levé pour que l'ancien chef du FBI, James Comey, livre demain au Congrès sa version, potentiellement explosive, de la tentaculaire affaire russe qui envenime la présidence américaine: Donald Trump ne lui demandera pas de renoncer à témoigner. Cette audition au Sénat américain est très attendue et pourrait mettre en difficulté le président républicain, au moment où l'étau des enquêtes parlementaires et de la police fédérale sur les ramification de l'ingérence russe présumée dans la présidentielle de 2016 semble se resserrer autour du milliardaire. Depuis que ce témoignage public a été annoncé, une possible obstruction à l'audition par Donald Trump était devenue l'une des principales sources d'inquiétude des opposants au président américain. Plusieurs milliers de manifestants ont par exemple battu le pavé dans plus de 150 villes aux Etats-Unis samedi pour exiger la «vérité» sur la Russie et l'indépendance de l'enquête. «La prérogative présidentielle est bien établie» dans ce genre de cas mais, «afin de faciliter un examen rapide et rigoureux des faits par la commission du Renseignement du Sénat, le président Trump n'exercera pas sa prérogative en ce qui concerne le témoignage de James Comey», a affirmé la Maison-Blanche lundi. L'ancien premier policier des Etats-Unis, soudainement limogé le 9 mai par le président américain, sera notamment interrogé par les élus sur la question cruciale de savoir si Donald Trump a, oui ou non, exercé une pression sur le FBI pour infléchir son enquête. Avec en toile de fond une autre interrogation: ces faits peuvent-ils valoir au président américain une procédure de destitution, un mot qui n'est plus tabou depuis quelques semaines à Washington. M. Comey pourrait également livrer le contenu des notes qu'il a consignées, et dont l'existence a été évoquée par plusieurs médias américains, affirmant que Donald Trump lui a demandé en tête-à-tête de «laisser tomber» l'enquête du FBI sur son ancien conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, personnage central du dossier russe. Sur le fond, les réponses de James Comey, perçu comme l'homme qui pourrait détenir les clés indispensables à la compréhension de cette affaire complexe, sont très attendues car il doit s'exprimer sur les deux volets principaux de l'enquête: l'ingérence présumée, mais aussi l'éventuelle collusion entre des responsables russes et l'entourage du président américain durant la campagne. Le président américain, lui, nie toute intervention auprès du FBI autant qu'il dément une collusion avec Moscou. L'enquête a été confiée par le ministère de la Justice à un procureur spécial, Robert Mueller, ancien patron du FBI. L'audition de James Comey intervient dans un contexte d'accumulation de révélations sur les liens entre des proches de Donald Trump et des responsables russes. Et les accusations atteignent directement le cercle rapproché du magnat de l'immobilier, son gendre et proche conseiller, Jared Kushner, ayant, selon le Washington Post, tenté d'établir un canal de communication secret avec la Russie pendant la période de transition entre l'élection de M. Trump et sa prise de fonctions. Dans le détail, demain, James Comey doit d'abord être entendu lors d'une audition publique à 10h00 locales (14h00 GMT), avant de répondre, à huis clos, aux questions des 15 membres républicains et démocrates de la commission. Ces derniers sont habilités à recevoir des informations classées secret défense.