L'ex-directeur du FBI James Comey, limogé soudainement il y a 10 jours par Donald Trump, a accepté d'être entendu lors d'une audition publique au Sénat américain, ont annoncé vendredi les chefs de la puissante commission du Renseignement. Le renvoi expéditif de James Comey le 9 mai alors que ses services enquêtaient sur les liens éventuels entre des membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et Moscou avait secoué Washington, les répliques de cette décision rarissime pour un président américain continuant d'agiter la Maison-Blanche. Depuis, l'ex-chef du FBI est resté silencieux. Potentiellement explosive, son audition publique aura lieu à une date non encore fixée, mais pas avant le 30 mai, ont-ils précisé dans un communiqué publié quelques heures après le départ de Donald Trump pour son premier voyage à l'étranger. Donald Trump a toujours nié toute collusion avec la Russie dans sa campagne électorale, durant laquelle Washington avait accusé Moscou d'avoir mené des piratages et de la désinformation afin de nuire à sa rivale démocrate Hillary Clinton. «J'espère que le témoignage de l'ancien directeur Comey permettra de répondre à certaines des questions soulevées depuis qu'il a été soudainement renvoyé par le président» républicain, a déclaré le sénateur démocrate Mark Warner, numéro deux de la commission du Renseignement. «Le directeur Comey a servi son pays honorablement pendant de nombreuses années et il mérite de pouvoir raconter sa version de l'histoire. De plus, les Américains méritent de l'entendre», a-t-il poursuivi, cité dans le communiqué. «J'espère qu'il éclaircira aux yeux des Américains les événement récents qui ont été largement rapportés par les médias», a ajouté le président de la commission, le républicain Richard Burr, précisant que ses membres avaient «hâte» d'entendre ce que James Comey a à dire sur les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016, sur lesquelles enquête aussi le FBI. James Comey a cependant refusé de se présenter volontairement devant la commission de la Justice du Sénat, ont indiqué vendredi ses dirigeants républicain et démocrate, se disant «très déçus» et l'appelant à revoir sa décision. Depuis l'éviction de James Comey, les fuites dans la presse et coups de théâtre s'enchaînent à Washington. Mardi, le New York Times affirmait que M. Trump aurait notamment fait pression sur ce dernier, avant son limogeage, pour qu'il classe le volet de l'enquête concernant Michael Flynn, son éphémère conseiller à la sécurité nationale soupçonné de contacts troubles avec les Russes. Puis nouveau coup de tonnerre pour la Maison-Blanche mercredi soir, lorsque l'enquête sur les liens et l'ingérence présumée de la Russie a été confiée à un procureur spécial, qui jouit d'une plus grande indépendance. Une décision vivement critiquée par Donald Trump, criant à la «chasse aux sorcières». Et vendredi, le Washington Post avançait que l'enquête du FBI sur les liens entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie s'intéresse à un haut responsable actuel de la Maison-Blanche, conseiller «proche» du président américain. On savait déjà que d'anciens conseillers de Donald Trump étaient dans le viseur des enquêteurs, notamment Michael Flynn et son ancien directeur de campagne, Paul Manafort. De son côté, le New York Times affirmait que le président américain avait qualifié James Comey de «cinglé» un jour après l'avoir limogé, lors d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe dans le Bureau ovale. La Maison- Blanche a de son côté assuré vendredi que l'enquête confiée au procureur spécial Robert Mueller, ancien directeur du FBI, prouverait in fine les dires du milliardaire républicain. «Comme le président l'a déjà dit, une enquête complète confirmera qu'il n'y a pas eu de collusion entre la campagne et aucune entité étrangère», a déclaré son porte-parole, Sean Spicer.