Le bilan de l'attentat de mercredi dernier à Kaboul est monté à 150 morts et 300 blessés Le président afghan Ashraf Ghani a lancé hiuer un ultimatum aux taliban, les appelant à saisir la «dernière chance» pour la paix, quelques jours après un attentat dévastateur dans la capitale dont le bilan dépasse désormais 150 morts. L'opinion publique est de plus en plus remontée contre le président Ghani en raison d'une détérioration catastrophique de la situation sécuritaire. Des protestataires ont appelé à la démission de son gouvernement lors de manifestations émaillées de violences ces derniers jours. «Nous offrons une chance à la paix, mais ce n'est pas une offre illimitée dans le temps. (...) C'est la dernière chance, saisissez-la ou subissez les conséquences», a déclaré M. Ghani à l'occasion d'une conférence multinationale pour la paix. Le président s'exprimait devant des représentants d'une vingtaine de pays rassemblés pour le «processus de Kaboul», un sommet avant tout symbolique visant à obtenir un soutien international à des mesures de restauration de la paix. M.Ghani a évoqué la possibilité pour les taliban d'ouvrir un bureau pour les représenter, ajoutant qu'il était flexible sur le lieu d'éventuelles négociations. Les insurgés islamistes ont répondu en lançant une roquette sur ce qu'ils affirment être des locaux de l'Otan. Elle a atterri dans la résidence de l'ambassadeur indien, sans faire de blessé. Une bombe dissimulée sur une moto a par ailleurs explosé hier près de la principale mosquée dans la ville de Herat (ouest), tuant sept personnes et en blessant 16, selon le ministère de l'Intérieur. La rencontre de Kaboul se déroule sous très haute sécurité: des véhicules blindés patrouillent les rues de la capitale meurtrie, survolée par des avions de chasse. La population de Kaboul est particulièrement tendue depuis l'attentat au camion piégé qui a frappé le quartier diplomatique mercredi, le pire qu'ait connu la capitale en plus de 15 ans. L'attentat n'a pas été revendiqué. Le gouvernement pointe du doigt le réseau Haqqani, allié des taliban afghans. Ces derniers sont à l'offensive et ont revendiqué une série d'attaques meurtrières notamment contre des bases et positions militaires afghanes. M.Ghani a annoncé à l'ouverture de la conférence un bilan revu en forte hausse pour l'attaque de mercredi dernier, avec 150 morts et 300 blessés, dont de nombreux brûlés et amputés. Les autorités, qui par le passé ont eu tendance à sous-estimer les bilans des attentats, avançaient jusqu'ici un bilan de 90 morts. «Nous sommes une nation de survivants. Les terroristes peuvent faire couler notre sang, mais pas briser notre volonté», a ajouté le président afghan. Les efforts internationaux visant à amener les taliban à la table des négociations sont jusqu'ici restés vains, mais des diplomates à Kaboul ont salué la conférence d'hier comme un bon signal. Le patron de la Mission d'assistance de l'Onu en Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, s'est déclaré «encouragé de voir la participation de tant de représentants de haut niveau issus de tant de pays, manifestant (leur) solidarité avec le peuple afghan, surtout dans la foulée des attentats de Kaboul». L'attentat a ravivé les profonds dissentiments politiques et ethniques qui fragilisent le gouvernement afghan et font planer le risque d'une crise politique. Au surlendemain de l'attaque, des centaines de manifestants étaient descendus dans la rue pour protester contre l'insécurité et quatre d'entre eux avaient été tués lors de heurts avec la police. Les protestataires, toujours mobilisés, en étaient hier à leur cinquième jour de sit-in près du site de l'explosion, exigeant notamment la démission du conseiller à la sécurité nationale Hanif Atmar. Le ministre des Affaires étrangères Salahuddin Rabbani, qui dirige le parti majoritairement tadjik Jamiat, a réclamé à son tour cette démission lundi. Mais le président Ghani, issu de l'ethnie pachtoune, y est fermement opposé. M.Rabbani a survécu à un attentat non revendiqué qui a fauché samedi des participants aux funérailles d'un protestataire tué par la police. Dans la foulée, il a mis en cause des «terroristes au sein du système», laissant entendre qu'il s'agissait d'un coup monté. Le gouvernement a de con côté accusé des extrémistes formés dans des écoles coraniques pakistanaises.