Fait inhabituel, les Etats-Unis ont reconnu hier que le rôle de la Russie est «très utile» pour réduire les tensions dans le sud du pays... Pour la première fois depuis 2015, dans un pays où les interventions extérieures se sont multipliées, l'armée syrienne et ses alliés sont parvenus hier jusqu'à la frontière avec l'Irak, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh). Cette avancée diligentée des forces loyales au président Bachar el-Assad n'est pas faite pour plaire aux Etats de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui disent «redouter» de nouvelles tensions entre les troupes syriennes et leurs propres supplétifs, les Forces démocratiques syriennes très actives dans cette zone où se situe Raqqa. Selon l'Osdh, plusieurs groupes de combattants des forces loyales au gouvernement syrien sont arrivés à un point proche de la frontière, situé à 70 kilomètres au nord-est de la localité d'al-Tanaf. Un communiqué de l'armée syrienne a confirmé l'information en indiquant que l'offensive était programmée de longue date, de sorte qu'hier c'est toute la partie désertique entre la Syrie et l'Irak qui est dorénavant sous contrôle des autorités légitimes du pays. Réagissant à cette donne, la coalition internationale a affirmé que les «actions des forces prorégime près (des positions) de la coalition et de ses partenaires (...) continuent de nous préoccuper «, avant d'ajouter qu'elle «prendra les mesures appropriées pour protéger ses forces» dans la région. Il s'agit bien sûr des combattants kurdes et arabes qui ont progressé hier dans un quartier à l'ouest de Raqqa, principal fief syrien du groupe Etat islamique où la coalition internationale, sous commandement américain, a intensifié ses raids aériens. Les Forces démocratiques syriennes (FDS), fortement armées par Washington qui leur a livré récemment des équipements lourds, sont entrées mardi dernier dans cette ville, sept mois après le lancement d'une vaste offensive visant à chasser les forces de Daesh de leur «capitale» en Syrie. Toujours d'après l'Osdh, les FDS se sont emparés hier d'une partie du quartier périphérique de Jazra, à la lisière ouest de la ville mais des combats violents se poursuivaient encore dans le reste du quartier, où la coalition avait procédé jeudi à un bombardement aérien contre un café internet qui a coûté la vie à 23 civils. Pour la coalition, les centaines de victimes civiles des raids aériens relèvent des dommages collatéraux que les bombardements engendrent alors qu'ils sont nécessaires pour «ébranler les capacités de Daesh et pour ouvrir la voie aux FDS dans l'est de la ville (qui peuvent ainsi) lancer l'assaut sur d'autres fronts». Cet appui aérien et terrestre a permis aux combattants kurdes et arabes des FDS de gagner des positions à l'est, au nord et à l'ouest de Raqqa, tandis que les territoires au sud de la ville et au niveau de l'Euphrate demeurent encore aux mains de Daesh. Fait inhabituel: les Etats Unis ont reconnu hier que le rôle de la Russie est «très utile» pour réduire les tensions dans le sud du pays, après que la coalition eut annoncé avoir abattu un drone utilisé par les alliés du gouvernement syrien. Il semble que «le calme observé» après cet incident soit dû à l'intervention de l'allié russe de Damas qui a sans doute oeuvré à diminuer les risques d'un affrontement toujours possible entre des belligérants qui cherchent à occuper le maximum de terrain, quitte à empêcher de manière directe la progression des autres forces. C'est ainsi que le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis, a souligné l'intérêt d'une présence russe dans cette zone où «ils essaient de contacter les autres parties, celles qui sont prorégime, les milices pro-iraniennes, de faire ce qu'il faut et de les empêcher de mener des actions déstabilisatrices».