Du matériel britannique pour les rebelles d'al Tanaf Les forces en présence tentent chacune d'investir les zones abandonnées par Daesh pour tenter d'empêcher les autorités syriennes de reprendre le contrôle de leur territoire... La Syrie et la Russie ont vivement condamné hier la nouvelle frappe américaine qui a visé mercredi un convoi proche du régime du président Bachar al Assad près de la frontière syro-jordanienne. La coalition internationale emmenée par les Etats Unis a en effet attaqué une position de l'armée arabe syrienne sur la route d'Al-Tanaf, dans la région syrienne de Badia, tuant plusieurs martyrs et causant des dégâts matériels», selon des indications d'une source militaire citée par l'agence officielle Sana qui n'a pas précisé la nationalité des victimes. Un porte-parole militaire de la coalition internationale censée attaquer les positions de l'Etat islamique, mais faisant régulièrement des centaines de victimes civiles dans les rangs de la population, y compris dans les zones où campent les forces arabo-kurdes, le colonel Ryan Dillon, a évoqué jeudi dernier un convoi de «forces pro-régime» tandis qu'un autre responsable américain a justifié l'attaque en soulignant qu'il s'agissait «probablement» de milices chiites, sans être plus précis sur leur identité. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, huit personnes, «pour la plupart non-syriennes», ont été tuées dans cette frappe. Pour sa part, la source militaire syrienne citée par Sana a affirmé que «l'armée continuera à accomplir son devoir dans sa lutte contre Daesh et la défense de tout son territoire et ne se laissera pas intimider par les tentatives de la soi-disant coalition de l'empêcher de mener son devoir sacré». Elle a ainsi défendu le fait que l'armée syrienne «combat le terrorisme sur son territoire et qu'aucune partie n'a le droit de déterminer le cours de ses opérations contre ces groupes terroristes, menés par Daesh et Al-Qaïda (Al Nosra)». De jour en jour, le «califat» autoproclamé par les dirigeants du groupe Etat islamique, à cheval sur l'Irak et la Syrie, s'amoindrit au prix de violents combats et de lourdes pertes dont beaucoup de civils. Parallèlement, les forces en présence tentent chacune d'investir les zones abandonnées par Daesh pour tenter d'empêcher les autorités syriennes de reprendre le contrôle de leur territoire et imposer par-là même leur diktat dans les futures négociations qui viendront en aval de celles d'Astana et de Genève. Les observateurs soulignent dés lors l'importance du poste frontière d'al Tanaf, situé dans le désert qui borde le sud-ouest de la Syrie. Car dans cette région, active une faction de rebelles formés en Jordanie et soutenus par la coalition internationale dont la mission est d'investir la partie syrienne limitrophe dans un premier temps pour remonter ensuite vers Boukamal, sur la frontière avec l'Irak pour combattre l'EI. Dans un communiqué, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) a déjà précisé que «la coalition opère depuis des mois dans la région d'al-Tanaf où elle entraîne et conseille des forces engagées dans le combat contre l'EI», une façon de justifier cette nouvelle attaque contre un Etat souverain. Pour les autorités syriennes, cette position est vitale car son objectif est de contrôler l'autoroute Damas-Bagdad pour assurer la liaison avec les forces alliées qui combattent en Irak, et pour empêcher les rebelles pro-occidentaux de remonter par le sud vers la province de Damas. Au lendemain de l'accord d'Astana parrainé par la Russie, l'Iran et la Turquie, l'armée syrienne a lancé une vaste offensive dans les zones désertiques de l'est, dans le but de reprendre la région pétrolière de Deir Ezzor où Daesh maintient encore la pression et de contrecarrer la progression des forces arabo-kurdes (FDS) vers la ville de Raqa. La Syrie et la Russie ont donc condamné hier le bombardement de la coalition qualifié d' «inacceptable». Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a estimé à Genève que «toute action militaire aggravant la situation en Syrie influe de fait sur le processus politique. D'autant plus quand il s'agit d'actions militaires menées contre les forces armées syriennes». «C'est absolument inacceptable et cela constitue une violation de la souveraineté de la Syrie», a ajouté le diplomate russe tandis que la Syrie a averti qu'elle «ne se laissera pas intimider». En réaction, le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a assuré que les Etats-Unis ne cherchent pas à s'impliquer militairement dans la guerre civile. «Nous n'augmentons pas notre rôle dans la guerre civile syrienne, mais nous défendrons nos troupes si des gens prennent des mesures agressives contre nous», allusion au fait que ce sont des unités iranienne et libanaise (Hezbollah) qui s'opposent à al Tanaf aux groupes rebelles soutenus par la coalition..