Positions renforcées autour de Raqqa 100.000 personnes risquent d'être prises au piège du bras de fer entre l'EI et les troupes qui le combattent, à la frontière syro-turque. Depuis quarante-huit heures, les bombardements de la coalition internationale ont été intensifiés contre le groupe autoproclamé Etat islamique dans la province de Raqqa, en Syrie, en appui à un assaut terrestre des forces arabo-kurdes qui se poursuit depuis mardi dernier. C'est donc au moment où Daesh est menacé dans sa place forte de Fallouja, en Irak, qu'il doit également faire face aux attaques les plus fortes dans une ville stratégique pour la suite des évènements. Le nombre de raids, effectués par la coalition internationale ou par le tandem Russie-Syrie, diffère selon les sources, mais leur densité est effectivement exponentielle depuis plusieurs jours, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (Osdh) ayant affirmé qu'ils ont atteint 150 en trois jours. La violence des bombardements autant que des attaques fait craindre le pire pour les populations civiles au point que le Conseil de sécurité de l'ONU s'est penché vendredi sur le désastre humanitaire en Syrie, où plus de 280.000 personnes ont été tuées et des millions d'autres jetées sur les routes, depuis 2011.Selon le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, le nombre de civils assiégés par les différents groupes intégristes qui combattent l'armée de Bachar al Assad s'est accru de 75.000 pour atteindre le chiffre effarant de 592.700 personnes. «Ces chiffres sont choquants, car ils montrent la nette détérioration de la situation des civils, alors même qu'une cessation des hostilités est en place» depuis la fin février, a souligné Stephen O'Brien à l'adresse du Conseil de sécurité dans une vidéoconférence à partir de Genève. Comme nous l'avions indiqué voici deux semaines déjà, tous les regards sont désormais braqués sur Raqqa qui est devenue une cible primordiale pour les forces arabo-kurdes, actuellement en train de préparer la grande offensive tandis que les civils affolés tentent par tous les moyens de quitter la ville et ses alentours. Chose que l'EI empêche par tous les moyens, les 300.000 personnes encore sous son joug devant servir de «boucliers humains», aussi bien pour les raids de l'aviation coalisée que russo-syrienne. Aucune autorisation n'a été consentie par Daesh aux demandeurs les plus légitimés par une situation de santé précaire et condamnés à dépérir sur place. Seules les familles les plus résolues ont pu s'enfuir à leurs risques et périls, gagnant la province d'Idleb dans des conditions terribles. Surtout que l'organisation terroriste a multiplié les barrages militaires, au sortir de toutes les artères principales de Raqqa. Les Etats-Unis qui ont rejeté la proposition russe d'une action commune de l'aviation contre l'EI ont reconnu hier la présence au sol de plusieurs centaines de militaires américains chargés de jouer un rôle de «conseil et d'assitance», a tenu à préciser le porte-parole du Pentagone. Ces mem-bres des forces spéciales sont engagés sur le terrain militaire aux côtés des Forces démocratiques syriennes (FDS) ainsi que de la milice kurde des YPG dans toute la région de Raqqa. Craignant pour son front interne, les Kurdes étant choyés aussi bien par la coalition dans laquelle se trouvent les pays du Conseil consultatif du Golfe (CCG) que par les alliés russo-syriens, la Turquie a dénoncé véhémentement les Etats-Unis, qualifiés d'«hypocristes, et ressassé sa détermination à frapper la résistance kurde sur le sol syrien au cas où celle-ci viendrait à faire jonction avec le PKK». Plus à l'ouest de la ville-clé qu'est devenue Raqqa, la cité d'Alep vit au rythme des nouvelles concernant la progression de l'EI en direction des localités d'Azaz et de Marea, proches de la frontière turque et tenues par les rebelles. L'EI qui, après plus de deux ans de bombardements de la coalition internationale auxquels s'ajoutent les raids de l'aviation russe depuis septembre 2015 semble avoir gardé intactes ses capacités de nuisance et prétend même à de nouvelles conquêtes alors qu'en Syrie comme en Irak, chaque semaine est donnée pour être le commencement de la fin pour le groupe terroriste autoproclamé.