Ilnous a reçus quasiment entre deux portes afin de discuter avec nous, à bâtons rompus, des activités de cette institution. L'Expression: Beaucoup d'encre a coulé à propos de la démission de l'ancien président du Cnes, Salah Mentouri. Qu'en est-il au juste? Salah Djennouhat:Je tiens à préciser avant toute chose que contrairement à ce que développent certains médias, le Cnes fonctionne de la manière la plus normale qui soit. Dès mon installation à ce poste, j'ai pris le soin de réunir les travailleurs, avant les membres du bureau et les présidents de commission. Les activités de cette institution, totalement autonome, se poursuivent en toute sérénité. Les cinq rapports de la session prochaine, dont la date n'a pas encore été fixée, sont finalisés à plus de 90 %. Je pense donc qu'elle aura lieu avant le renouvellement des instances. Les rapports en question portent sur la conjoncture du semestre passé, la culture physique en milieu scolaire et universitaire, la réforme bancaire, les éléments de débat concernant la croissance ce qui n'est pas sans lien avec le pacte économique et social et, enfin, l'émigration, qu'elle soit clandestine ou légale. Pour revenir au départ de M. Mentouri, je dois dire que sa démission avait été directement adressée au président de la République en date du 2 mai alors que ce sont les membres du bureau qui l'avaient élu à ce poste. Ils n'ont été destinataires d'une lettre explicative que près d'une semaine plus tard. J'ajouterai qu'avant sa venue en 1996, c'est Abdelmadjid Sidi Saïd qui assumait l'intérim. Le témoin, une fois de plus, est revenu à l'Ugta. Le gouvernement a renouvelé 23 membres alors que la présidence doit en faire autant pour 22 personnes. Ce nombre représente de loin le plus gros des effectifs des membres du Cnes. Celui-ci, dont l'autonomie n'est pas du tout remise en cause, se devait de connaître une certaine «rénovation» de ses effectifs à la faveur des résultats du scrutin du 8 avril 2004. Le Cnes avait connu un certain dérapage avant cette date. Il avait été victime d'une tentative de récupération politicienne. Le gouvernement et la présidence s'attellent à la confection de leurs listes respectives. Dans l'état actuel des choses, il est impossible de dire qui sera le nouveau président du Cnes. Des malentendus sont apparus entre le président du Cnes et le gouvernement à propos de la hausse des indemnités des membres de ce conseil. Mentouri, qui pensait avoir tout le monde derrière lui en jouant cette carte, s'est retrouvé au contraire isolé puisqu'il a administré la preuve qu'il pouvait régler depuis le début une question qu'il a volontairement laissé traîner depuis de nombreuses années. Pour ma part, je soutiens la hausse des indemnités, mais dans un cadre légal et concerté, et non pas par le fait du prince, comme ce devait être le cas. J'ajouterai, pour finir, que jamais le Cnes n'a fait l'objet de la moindre entrave de la part de l'Exécutif, comme peuvent en témoigner tous nos rapports et nos PV, mais aussi les auditions que nous pratiquons en toute souveraineté avec de hauts cadres et commis de l'Etat, à commencer par des ministres en poste. Le Cnes n'est à la botte de personne. Les prochains jours le prouveront amplement. Où en sont les groupes de travail mis en place à la suite de la dernière tripartite? Le principe même de l'existence de l'Ugta est la défense des intérêts moraux et sociaux des travailleurs. Cela n'est pas chose facile à la faveur des mutations économiques et sociales en cours. Nous nous y attelons dans le cadre des groupes de travail mis en place et dont les rapports doivent être remis à la prochaine rentrée sociale. Nous comptons bien arriver à des résultats probants concernant le fameux article 87-bis afin que les salaires soient revus à la hausse et que le pouvoir d'achat des citoyen s'améliore de manière substantielle. Pour ce qui est des privatisations, l'Ugta maintient ses conditions contenues dans un cahier des charges très explicite. Ainsi donc, dans le cas où une privatisation s'avère incontournable, la préférence sera toujours donnée au salarié ou au partenariat. Il va également sans dire que les repreneurs, quels qu'ils soient, s'engagent à maintenir les activités et les postes d'emploi, mais aussi le principe du droit syndical. Où en est le renouvellement des structures de l'Ugta? Je pense que les choses iront en s'accélérant à partir de la mi-juin, à notre retour du congrès de l'OIT où le président Bouteflika est également attendu pour y faire un discours. En attendant, le renouvellement des structures se poursuit à un rythme soutenu. Ainsi, le congrès de l'union de wilaya de Tizi-Ouzou doit avoir lieu le 25 de ce mois. Quant aux fédérations, nous allons vers des congrès en série. Cela commencera par l'éducation pour prendre fin avec les transports en passant par les mines, les retraités, les finances, la santé et l'énergie. Le rythme s'accélère tellement bien depuis quelque temps que nous comptons même entamer les préparatifs pour la tenue du prochain congrès national dans quelques mois à peine. Mais qu'est-ce qui se passe au niveau du syndicat du port d'Alger? L'opération de renouvellement de cette structure, qui s'est faite en mon absence, est tout simplement illégale. Je suis le premier à soutenir la pétition des 136 marins, récemment adressée à la Centrale. Les raisons de l'invalidité de ce vote sont nombreuses. Il s'agit de la suppression de pas moins de 136 candidats sans la moindre justification. Il s'agit aussi de l'absence d'une commission électorale ainsi que de l'absence d'affichage des listes des candidats et des électeurs. Ces derniers, du reste, étaient constitués en grande partie par des journaliers. Si l'Ugta s'engage à défendre cette catégorie professionnelle, la centrale refuse toutefois que ces personnes, qui ne sont même pas des contractuels, participent à l'élection de ses représentants. Seules des élections transparentes avec des candidatures libres pourront venir à bout de la crise qui continue de secouer l'instance syndicale au niveau du port d'Alger. Nous y sommes attelés et je pense que nous y parviendrons en dépit des quelques embûches dressées sur ce chemin.