Le ministre des Affaires étrangères L'objet de toutes ces visites tourne autour de la situation au Qatar et de l'éventuel rôle que l'Algérie pourrait jouer afin de dissiper les tensions entre les protagonistes. Alger aura accueilli en trois jours un véritable ballet diplomatique relatif à la situation au Proche-Orient puisque le Qatar, les Emirats arabes unis et, demain, l'Iran, viennent s'enquérir de la disponibilité de la diplomatie algérienne à s'investir dans la crise qui secoue le Golfe depuis que l'Arabie saoudite et plusieurs Etats membres du CCG ont rompu leurs relations avec Doha. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a accueilli son homologue qatari Soltan bin Saâd al-Muraikhi, puis le ministre au cabinet de la Présidence des Emirats arabes unis, Farès Al-Mazroui, et il recevra demain le ministre iranien des Affaires étrangères Mohamed Jawad Zarif. Evidemment, l'objet de toutes ces visites tourne autour de la situation au Qatar et de l'éventuel rôle que l'Algérie pourrait jouer afin de dissiper les tensions entre les protagonistes. Alger a eu, conformément à sa doctrine de politique étrangère, les mots qu'il faut pour appeler au dialogue, sans parti pris, de sorte que le MAE qatari est venu rendre hommage à sa position «en tant que grand pays dans le Monde arabe (qui) peut, de par son influence dans la région, jouer un rôle dans les relations interarabes». Soltan bin Saâd al Muraikhi a également expliqué sa visite par la volonté de procéder à «l'examen des relations bilatérales et des derniers développements survenus au Golfe». C'est un fait que l'Algérie a fait part, dès le début de la crise, de «sa grande préoccupation face à la dégradation des relations entre certains pays du Golfe et leurs répercussions sur l'unité et la solidarité du Monde arabe», préconisant le dialogue «comme seul moyen de régler leurs différends et de transcender les divergences qui peuvent naturellement surgir dans les relations entre Etats». Ce faisant, elle a réaffirmé les principes qui guident sa politique étrangère: bon voisinage, non-ingérence dans les affaires internes des Etats et respect de leur souveraineté nationale. Une position qualifiée d' «honorable» par le ministre qatari des Affaires étrangères dont la tournée depuis plusieurs jours dans différentes capitales comme Moscou et Alger vise à empêcher l'isolement du Qatar confronté à un embargo aérien, terrestre et maritime, malgré le soutien manifeste de la Turquie et de l'Iran et la neutralité bienveillante du Koweit. En recevant le ministre émirati El Mazroui, Messahel a sans doute mesuré les tenants et aboutissants de la crise ainsi que son impact dans les développements récents. Farès El Mazroui n'est pas cependant venu à Alger uniquement pour faire le point de la situation? mais sans doute a-t-il aussi évoqué l'éventuelle implication de la diplomatie algérienne, ne serait-ce que pour apaiser les tensions. Bien sûr, toutes les parties ont intérêt à défendre leur position et justifier les décisions prises, mais le fait de garder la porte ouverte à un dialogue constructif entre les protagonistes peut contribuer à aplanir le différend. C'est peut-être une raison qui motive la visite officielle, demain, du ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif qui sera reçu par Abdelkader Messsahel, puis par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune. Bien sûr, il abordera avec eux les importantes questions de coopération bilatérale, mais nul doute qu'il sera beaucoup question de la crise diplomatique au Moyen-Orient. Le président Hassan Rohani a prôné le dialogue entre les différentes parties pour éviter l'escalade entre le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme, et l'Arabie saoudite, chef de file d'une coalition. Zarif voudra sonder ses interlocuteurs sur la disponibilité de l'Algérie à désamorcer la crise, sachant qu'elle agit au détriment de la Palestine et de la sécurité des pays arabes et musulmans dans la région. Auquel cas, Alger demeure «confiant que les difficultés actuelles ne peuvent être que conjoncturelles et que la sagesse et la retenue finiront par prévaloir».