Le Qatar, un petit pays du Machrek, se déploie sur tous les fronts. Le Printemps arabe et les révolutions chaotiques qui s'ensuivent semblent conforter la position des Qataris qui multiplient sorties, démarches, présence, voire même interventionnisme dans les pays arabes sans exclusive. La visite éclair, voire l'escale du Premier ministre du Qatar, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al-Thani, en Algérie remet au goût du jour cette question : quelle relation voudrait développer le Qatar avec l'Algérie à l'ombre de ce qui se trame, au quotidien, en Libye, en Syrie, en Egypte, en Tunisie et autres foyers de tension, comme le Mali et le Niger où Al-Qaïda frappe, kidnappe et menace la sécurité et la stabilité de toute la région ? Reçu par Bouteflika à la résidence Djenane El-Mufti, le Cheikh, porteur d'un message, dont on ignore le contenu, s'est limité à dire que cette visite concerne “les relations bilatérales et les moyens de les consolider ainsi que les préparatifs d'une visite au cours de laquelle seront annoncés plusieurs projets entre les deux pays frères". Seul sujet inhérent au monde arabe et évoqué par l'hôte du chef de l'Etat, la Syrie constitue, selon lui, “une des questions les plus importantes pour les deux pays et pour le monde arabe et dans le cadre des décisions de la Ligue arabe". Les observateurs diront qu'il y aurait un semblant de tentative du Qatar de domestiquer l'Algérie. Ce qui n'est pas le cas, dans la mesure où l'Algérie a exprimé ses positions diplomatiques concernant le Printemps arabe et la place que voudrait occuper le Qatar qui a misé sur le démantèlement des régimes des Ben Ali, Kadhafi et autre Moubarak. D'autres pensent qu'il y aurait un pacte de non-agression entre les deux pays “amis" et “frères" et que Bouteflika jouirait de privilèges chez les monarchies du Golfe. Aujourd'hui, le Qatar semble limiter ses démarches au seul plan de la coopération économique, l'investissement et les échanges d'avis sur l'avenir du monde arabe. La nomination de Brahimi en qualité de médiateur dans la crise syrienne semble échapper au Qatar, un pays qui soutient la logique des Occidentaux et qui exprime clairement la vision des monarchies du Golfe. Du reste, l'Algérie demeure un pays qui a toujours basé sa stratégie sur la non-ingérence dans les affaires internes d'autres pays. En somme, un pays consultant et consulté. C'est selon... F B