Le Premier ministre Même si la majorité lui est amplement acquise, le Premier ministre doit s'ingénier à trouver le mot juste et la tonalité adéquate pour faire passer son Plan d'action. C'est aujourd'hui que le Premier ministre, passera le grand oral en présentant le Plan d'action du gouvernement devant les membres de l'Assemblée populaire nationale. «Les travaux de l'APN se poursuivront en deux séances, la première à 10h00 et sera consacrée à l'adoption de la liste des vice-présidents et la deuxième à 22h00 et sera consacrée à l'audition du Premier ministre qui présentera le Plan d'action du gouvernement devant les membres de l'APN, conformément à l'article 95 de la Constitution», indique un communiqué rendu public au terme d'une réunion de concertation tenue par le président de l'Assemblée, Saïd Bouhadja avec les présidents des groupes parlementaires. «Les travaux se poursuivront demain et jeudi avec le débat général sur le Plan d'action du gouvernement», ajoute le même communiqué. Les députés ont été rendus destinataires du programme, juste après son adoption mercredi dernier, par le Conseil des ministres, ce qui leur donne suffisamment de temps pour le consulter et pouvoir en débattre aujourd'hui après sa présentation par le Premier ministre et cela en vertu de l'article 47 de la loi organique régissant les relations entre le gouvernement et le Parlement. Les principales priorités sont l'amélioration du pouvoir d'achat, la protection de l'économie nationale et la rationalisation des importations à travers notamment la réduction de la facture des produits superflus afin d'éviter un retour à l'endettement extérieur. Même si la majorité lui est amplement acquise, avec le soutien exprimé par le RND, le Premier ministre doit s'ingénier à trouver le mot juste et la tonalité adéquate pour faire passer un Plan d'action qui fait grincer des dents à l'opposition. La mesure phare concernant le ciblage de subventions a déjà eu l'acquiescement du parti majoritaire. Appliquée, les élus du FLN applaudiront des deux mains toutes les décisions contenues dans le Plan d'action du gouvernement. Il s'agit du programme du président de la République et qui est également président du FLN. Discipline partisane oblige, il n'est pas question de contredire son président même si par le passé le FLN était très regardant sur les questions sociales. Crise oblige, le vieux parti doit s'adapter. Il faut dire qu'il s'aligne même sur une position défendue contre vents et marées par son rival, le RND. Ce n'est pas nouveau, le parti de Ouyahia a toujours défendu le principe des subventions ciblées. En décembre 2016 déjà, un communiqué sanctionnant les travaux de son conseil national, le RND a suggéré au gouvernement de revoir les subventions sociales et à les indexer «au revenu réel de chaque citoyen» l'invitant à accélérer «la révision du système national de subventions sociales». Le soutien du RND au programme de Tebboune ne se limite pas uniquement à cette question des subventions. Un grand nombre de propositions économiques esquissées par le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, durant sa didactique campagne électorale pour les élections législatives du 4 mai dernier, se retrouvent dans le Plan d'action du gouvernement. Le parti refuse le recours à l'endettement extérieur, il plaide pour un système politique décentralisé, pour baisser le poids des importations, il souhaite l'intensification de la lutte contre toute forme de spéculation et de fraude... sont autant d'éléments développés et décortiqués par Ahmed Ouyahia durant sa campagne électorale, lesquels éléments se trouvent en bonne place dans le programme que va présenter ce matin Abdelmadjid Tebboune. Restent les partis d'opposition, ils vont certainement tomber à bras raccourcis sur certaines décisions qu'ils trouveront antisociales. C'est ce flanc social qu'ils vont «attaquer». Les débats qui se déroulent en soirée risquent malgré tout d'être chauds.