Les clignotants sont au rouge et la situation en Algérie que ce soit sur le plan social, économique ou politique n'est nullement reluisante. C'est là le constat établi par Ahmed Ouyahia, leader du RND et ex-chef de gouvernement, lors de son passage samedi soir au forum de l'ENTV. L'invité de l'Unique n'a pas ménagé son successeur à la tête de l'Exécutif national. Il a ouvertement critiqué l'inertie de l'équipe Belkhadem et sa gestion des affaires du pays. M. Ouyahia, qui ne se proclame pas de l'opposition, estime toutefois qu'il est de son devoir en tant qu'acteur politique d'attirer l'attention du pouvoir en place et de proposer des alternatives. Fidèle à ses convictions et à ses principes, ceux qu'il a défendus depuis qu'il était à la tête du gouvernement, M. Ouyahia n'a pas caché son désaccord quant à certaines dispositions prises dernièrement par le chef du gouvernement. En somme, M. Ouyahia ne partage pas les thèses prônées par le FLN, notamment celle portant sur sa proposition d'amender la Constitution. Evoquant justement la question relative au soutien de son parti à un troisième mandat du président de la République, M. Ouyahia a tenté de jouer la carte de la prudence en affichant au passage son opposition à la démarche du chef de file du vieux parti. L'ex-chef du gouvernement a martelé à maintes reprises que sa formation est légaliste et ses militants sont respectueux de la Constitution. « La position du RND est très claire : nous respectons la Constitution, dont le premier magistrat du pays est le garant et il est par conséquent le seul habilité à proposer son amendement », a-t-il soutenu. Sans tergiversation aucune, le SG du RND tire à boulets rouges sur son successeur à la tête de l'Exécutif. « SEUL BOUTEFLIKA... » « De par le monde, je n'ai pas vu ni entendu une formation politique invitée les citoyens à proposer des amendements de la Constitution. Aucun parti n'a le droit de s'approprier ce créneau. Seul M. Bouteflika a la prérogative d'amender la Constitution », a mentionné M. Ouyahia qui en termes très simples et en réponse à M. Belkhadem rappellera que les partis politiques n'ont pas à proposer un projet pour l'amendement de la Constitution. Appliquant sa devise de légaliste, le SG du RND révélera à demi-mot que la Constitution ne fait pas référence dans ses articles à un troisième mandat pour le président, d'où la réticence du parti par rapport à cette question... Enchaînant sur un autre sujet lié étroitement à la sphère du pouvoir, à savoir l'Alliance présidentielle constituée de trois partis (FLN, RND, MSP), M. Ouyahia n'a pas omis de rappeler que celle-ci a été créée pour soutenir le programme du président de la République, démentant dans ce contexte les informations colportées par certains médias sur l'affaiblissement de l'alliance. Cependant, l'orateur a certes réaffirmé la volonté des trois partis à préserver cette alliance et de poursuivre son action, mais il n'a pas nié que celle-ci nécessite une clarification de sa situation à venir. Abordant le sujet qui défraie aujourd'hui la chronique, le secrétaire général du RND a fustigé la chaîne Al Jazeera qui, de son avis, a prouvé à travers son cynique sondage son soutien au terrorisme et sa position hostile à l'Algérie. « J'ai été surpris par l'attitude de la chaîne Al Jazeera. Nul n'ignore que ce média en faisant diffuser les communiqués de cette organisation criminelle fait l'apologie du terrorisme », a tonné M. Ouyahia, tout en qualifiant au passage les terroristes d'inhumains et de sauvages. « Les victimes de ces actes inqualifiables sont innocentes, qu'elles soient civiles ou membres des forces de sécurité. Je suis convaincu que ces criminels n'ont aucune relation avec l'Etat ou la présidence, mais sont plutôt issus de groupes terroristes et sont des criminels, des traîtres et des mercenaires de l'organisation Al Qaïda qui servent des intérêts autres que ceux de leur propre pays », a expliqué l'invité de l'ENTV qui est, en outre, persuadé que le terrorisme a perdu la bataille dans notre pays, et de ce fait, il ne constitue plus un danger pour l'Etat, mais il tente de se maintenir en terrorisant les Algériens. La lutte contre le terrorisme demeure un danger pour le peuple, et dans ce contexte, M. Ouyahia invite les citoyens à faire preuve de vigilance et de prudence et doivent s'éloigner de la confusion dans l'analyse. Le SG du RND écarte tout rapprochement entre les derniers attentats et la revendication par certains d'un troisième mandat pour M. Bouteflika, indiquant que toute analyse politique des opérations terroristes est « absurde et insensée ». Pour ce qui est du volet économique, le SG du RND a appelé les Algériens à retrousser leurs manches et à se débarrasser de la culture de la rente et de la bureaucratie qui, de son avis, freine l'investissement. « LA HAUSSE DES PRIX DURERA DES ANNEES... » Ce dernier a besoin en urgence d'un soutien aussi bien au niveau local qu'international, et ce, en vue de créer de nouveaux postes d'emploi et de tirer profit de l'expertise étrangère. L'intervenant n'est pas étonné de constater une flambée des prix des produits de première nécessité. Nul ne peut contredire le fait que la flambée des cours mondiaux des matières premières influe sur les prix des produits de base en Algérie. Le gouvernement, d'après M. Ouyahia, aurait dû mettre en place une stratégie pour faire face à une telle situation qui était prévisible. Très direct, le SG du RND fera remarquer que cette hausse ne durera pas une année ou deux, mais s'étendra sur plusieurs années. Continuant dans la critique, le premier responsable du RND a estimé que la dernière décision prise par le gouvernement pour la subvention du prix de la semoule n'est pas judicieuse, proposant par-là même des solutions urgentes pour faire face à la crise économique et à la flambée des cours mondiaux. Parmi les propositions présentées par le RND à court terme, la fixation de prix référentiels des matières premières, à condition qu'elles soient importées par l'Etat. A moyen terme, le RND propose la révision de la politique agricole, l'assainissement du secteur de l'agriculture des spéculateurs et la lutte contre le bradage des terres agricoles. M. Ouyahia a souligné en outre la nécessité d'accorder davantage d'intérêt aux autres secteurs tels que le tourisme et l'agriculture, au lieu de compter seulement sur les revenus des hydrocarbures, rappelant que son parti lutte contre le populisme et les demi-mesures et la politique de « un pas en avant, deux pas en arrière ». « Actuellement, hormis les secteurs de l'éducation, de l'habitat et quelques autres, le reste des institutions travaillent au ralenti. De mon point de vue, les décisions prises dernièrement par le chef du gouvernement relèvent du replâtrage... », a conclu M. Ouyahia.